Sapeur-pompier volontaire, un engagement au quotidien

Nous avons rencontré Romain Wallon, 26 ans, sapeur-pompier volontaire à Lille depuis 2017, il nous partage son expérience sur ce métier, pour le moins atypique. Un véritable travail qui demande de la rigueur, du courage, de la disponibilité et sans oublier un esprit d’équipe.

Qu’est-ce qu’un sapeur-pompier volontaire ? 

« C’est quelqu’un qui s’est proposé pour aider les sapeurs-pompiers professionnels, qui eux, sont en activité à temps plein. On vient sur notre temps libre quand on veut pour renforcer les effectifs. »

Quelle est la différence entre pompier volontaire et professionnel ? 

« Un pompier volontaire peut mettre des disponibilités quand il veut alors qu’un pompier professionnel est obligé de mettre une garde de 24 heures toutes les 72 heures. Ensuite, il est payé de manière annuelle tandis que le volontaire est payé en fonction de ses interventions, du temps de celles-ci, si c’est de jour ou de nuit. Enfin, les formations sont un peu plus réduites pour les pompiers volontaires. » 

Comment devient-on un pompier volontaire ? 

« Il suffit de se présenter dans une caserne. Il y a des présélections qui regroupent des tests écrits et oraux et des tests de sport. Normalement si vous êtes un minimum sportif, il n’y a aucun problème, vous êtes recrutés dans les six mois. Les tests écrits correspondent à des choses basiques comme savoir faire de tête des additions, des soustractions et des divisions. On vous demande d’être tout simplement un minimum logique. Pour ce qui est de la formation suite au recrutement, il y a une partie sur le secourisme (arrêt cardiaque, évacuation avec un brancard…) et ça dure 3 semaines. Une autre partie sur le secours routier qui est compris dans les 3 semaines et qui dure 3 jours. Une fois que tout est validé, on peut accéder à la formation incendie qui elle, dure une trentaine de jours (maniement des échelles…). Ce sont deux formations distinctes et on ne peut pas, par exemple, accéder à la formation incendie sans avoir validé la formation secourisme. Je ne vous cache pas que les formations sont assez intensives. Les examinateurs procèdent déjà à une sélection sur le plan sportif et repèrent les moins intéressés. » 

Sapeurs-pompiers à la caserne de Lille

Quelle est la journée type ? 

« Une garde commence à 19h30 et se termine à 7h30 le lendemain ou démarre à 7h30 pour finir à 19h30. Ça dépend si on met une garde de 12 heures de jour ou de 12 heures de nuit. Pour ce qui est de la garde de jour, il faut arriver une demi-heure avant donc vers 7h. À 7h30, il y a un rassemblement où on nous donne notre affectation (ambulances, camions d’incendie…). Après on fait tout de suite, la vérification du véhicule en question pour voir si tout est en règle. De 8h à 10h, on fait du sport et de 10h à 12h, c’est soit consacré à une manœuvre (entraînement), soit consacré à l’entretien de la caserne, on vérifie le plein d’essence des véhicules, on les désinfecte. À partir de 14h, on refait une manœuvre et de 16h jusqu’à 19h, on fait ce qu’on veut mais le plus souvent, on fait du sport. Bien évidemment dans la journée, à n’importe quel moment, il peut y avoir des interventions qui peuvent perturber tout le programme. En ce qui concerne la garde de nuit, on vérifie également les véhicules et une fois que cela est fait, nous n’avons pas d’obligation, on fait ce qu’on veut jusqu’au lendemain à 7h. C’est donc plutôt tranquille mais ça reste tout de même difficile lorsque l’on doit se lever à 2h ou 5h du matin pour partir en intervention. C’est assez éprouvant et fatigant. »

Pourquoi avez-vous fait ce boulot ? Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ? 

« J’aime faire ce travail car ça me permet d’aider les gens, je me sens utile. Je suis également nageur-sauveteur l’été, professeur au SUAPS à la fac et comme on est en piscine, on a besoin d’être à jour sur tout ce qui concerne le secourisme. Le fait de pratiquer régulièrement, ça me permet de garder la forme et de m’entretenir. Il y a aussi une bonne ambiance et ça me sort de ma routine, de mon contexte habituel. C’est un boulot où il ne se passe pas grand-chose certains jours et d’autres, on est face à un arrêt cardiaque. C’est tout le temps différent et polyvalent car on ne sait jamais sur quelle situation on va tomber. C’est très stressant au début mais après on s’y habitue. Mais c’est vrai que lorsque l’on est devant des flammes dans un immeuble avec des gens aux fenêtres prêts à se jeter, il faut aller vite et percuter. »

Quelle a été votre intervention la plus marquante ? 

« Ce n’est pas forcément intervenir sur des incendies mais sur des nouveau-nés. Ils sont vraiment tout petits. Quand on les prend, on a peur de leur faire mal. C’est marquant car ils sont plus fragiles, vulnérables. Ils ont encore toute la vie devant eux par rapport à une personne âgée par exemple de 90 ans où on se dit que c’est déjà bien d’arriver jusqu’à cet âge-là. Je pense que la plupart des pompiers auront le même avis que moi. »

Propos recueillis par Fanny Kerloch