Misogynie, agression, libération de la parole. L’année 2020 s’est achevée, et avec elle un triste bilan sur front de sexisme et des violences faites aux femmes. Même si quelques avancées comme le bracelet anti-rapprochement pour lutter contre les violences conjugales ont vu le jour, des améliorations restent nécessaires.
2020, une année pas complètement noire ; en effet, par rapport en 2019, des améliorations ont vu le jour. Mais le travail reste encore long pour éradiquer les violences sexistes en France.
Une libération de la parole en France…
Le monde se souvient de la vague vague #MeToo qui a déferlé sur le monde du cinéma en 2017. Trois ans après, elle n’est pas prête de s’arrêter. Après le 7ème art, ce sont les mondes du sport, de la cuisine ou même du jeu vidéo qui se retrouvent sous les feux des projecteurs.
Dès janvier, le récit de Vanessa Springora dans son livre Le Consentement fait l’effet d’une bombe. Elle décrit l’emprise de l’écrivain Gabriel Matzneff, alors qu’elle avait 15 ans et lui le triple. Trente ans plus tard, elle rétablit la vérité sur cette relation et notamment la question du consentement, de l’emprise qu’un adulte peut avoir sur une adolescente.
Quelques semaines plus tard, c’est au tour de la championne de patinage artistique Sarah Abitol de livrer son témoignage dans Un si long silence. Elle y accuse son ex-entraîneur de l’avoir violée et harcelée sexuellement pendant deux ans. Cette accusation entraîne la démission du président de la Fédération des sports de glace. Sous l’impulsion de la ministre des Sports Roxana Maracineanu, une enquête administrative met en évidence des soupçons sur près d’une vingtaine d’entraîneurs.
En juin dernier, c’était le géant du jeu vidéo Ubisoft qui était au cœur d’accusations pour violences sexuelles de la part d’employés ou ex-employés. Des témoignages parlent d’un climat « très masculin », souvent sujet à des commentaires et comportements sexistes voire du harcèlement sexuel, menaces et agressions physiques. S’en suivent des limogeages de dirigeants tout le long de l’été.
Les stagiaires dans le milieu professionnel sont encore plus vulnérables au harcèlement, notamment quand ce sont des femmes. Du fait de leur précarité, le nombre de témoignages pour du harcèlement sexuel ne fait que croître. Sur les réseaux sociaux, le hashtag Balance ton stage se développe et permet de dénoncer le sexisme en entreprise.
Des révélations également dans le monde de la musique. D’abord dans le milieu du rap. L’étoile montante Moha La Squale est visée par plusieurs plaintes, le chanteur belge Roméo Elvis est également accusé sur le net pour des comportements inappropriés. Les sœurs Camille et Julie Berthollet dénoncent les agressions sexuelles dans le milieu classique, tout comme la cantatrice Chloé Briot.
Plus récemment, le chef étoilé Guy Martin est accusé de viol et agressions sexuelles par une cheffe d’entreprise. Le chef Taku Sekine a mis fin à ses jours après des accusations semblables.
… mais des violences encore trop présentes
On se souvient tous de la fureur d’Adèle Haenel lors de la cérémonie des César. Roman Polanski, accusé de viol, reçoit le César du meilleur réalisateur pour son film J’accuse. L’actrice sort de la salle, effarée, en lançant « Bravo la pédophilie ! ». Les associations parlent même d’un César de la honte. Après de multiples contestations, l’Académie se voit remaniée et exclut Roman Polanski.
Le collectif féministe #NousToutes rend public les résultats d’une vaste enquête sur le consentement dans les couples hétérosexuels : neuf femmes sur dix disent avoir déjà ressenti une pression de la part de leur partenaire pour avoir un rapport sexuel. Plus d’une femme sur quatre déclare qu’un rapport s’est poursuivi alors qu’elle avait refusé.
La crise sanitaire aura également permis de mettre l’accent sur le manque de féminisation dans les médias. Le Parisien invite le climatologue Jean Jouzel, le commissaire européen Thierry Breton, le généticien Axel Khan et le politologue Yascha Mounk pour parler de la suite de la Covid-19. Les réactions ne tardent pas ; Julia Cagé, économiste rétorque qu’il y aura également des femmes dans le monde d’après. Quelques heures plus tard, le journal présente ses excuses en évoquant une maladresse. Et selon un rapport mené par la députée LREM Céline Calvez, les femmes, déjà peu représentées dans les médias, l’étaient encore moins pendant le confinement.
En juillet, remaniement du gouvernement. Edouard Philipe laisse sa place à Jean Castex. Et deux de ses nominations font réagir. On parle « d’un doigt d’honneur », « une claque » par les associations féministes : Gérald Darmanin, nouveau ministre de l’Intérieur, est mis en cause pour viol ; Eric Dupont-Moretti, nouveau ministre de la Justice est connu pour avooir eu des positions sévères contre le mouvement #MeToo.
Un autre ministre s’est attiré la foudre des féministes. Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer rappelle aux lycéennes qu’il « suffit de s’habiller normalement et tout ira bien » alors que la plupart protestent contre des règlements misogynes au sein de leurs établissements.
Depuis le 1er janvier 2020, au moins 97 femmes ont été tuées sous les coups de leur compagnon ou leur ex-compagnon (source : collectif Féminicides). En 2019, elles étaient plus de 150. Un nombre qui reste trop important et les associations demandent de nouveaux dispositifs par le gouvernement. A l’heure où ce papier est publié, déjà un premier féminicide a été recensé pour l’année 2021.
Claire Boubert
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