9 janvier : manifestation à Lille contre un élevage bovin de Wambrechies

Samedi matin, plusieurs associations contre la maltraitance animale ont organisé une manifestation à Lille. Le but : demander la saisie d’un élevage de bovins de Wambrechies. Celui-ci fait l’objet de plusieurs signalements depuis 1999.

Il fait bien froid ce matin du 9 janvier à Lille. Pourtant, des bénévoles de l’association L214 Éthique & Animaux sont rassemblés sur la place de la République, équipés de pancartes et d’enceintes. Se joignent à eux d’autres organisations contre la maltraitance animale : One Voice, le Parti Animaliste. Cette organisation a organisé aujourd’hui un rassemblement pour demander une intervention municipale dans un élevage. Il s’agit d’une ferme à bovins de Wambrechies, surnommée «la ferme de l’horreur » par les militants. Depuis près de vingt ans, des actes de maltraitance et de privation de nourriture sont signalés dans cet élevage. En ce début d’année, Marion Pécher, de l’École du Chat de Marcq-en-Bareul, a recueilli plus de 90 000 signatures dénonçant le traitement des vaches.

Deux décennies de signalements

Marion Pécher, par Pauline Defélix

« Il y a une dizaine de PV ! » rappelle Marion Pécher, micro en main, face au public rassemblé. Elle mentionne aussi une vidéo prise en 2018.

Celle-ci montrait un veau dans un état misérable, bloqué dans des détritus. Une révélation qui avait conduit à un signalement de la part de la fondation Brigitte Bardot, ainsi qu’à une amende de soixante mille euros pour les éleveurs. « Une nouvelle enquête fin 2020, donc ultérieure, révèle des conditions de vie des animaux tout à fait inadaptées, avec des délits d’abandon. […] Que les animaux ne mangent pas à leur faim, c’est de la cruauté ! » Marion Pécher évoquent plusieurs témoignages de riverains sur des cris de vaches hurlants de faim.

Le 29 décembre 2020, le Sous-Préfet Nicolas Ventre avait répondu au signalement de cet élevage en reconnaissant des non-conformités. Cependant, les bovins de cette ferme ne sont pas identifiés (ce qui est par ailleurs illégal) et de ce fait, ne peuvent être retirés à leurs propriétaires sans être euthanasiés selon la loi.

«Nous avons conscience des grandes difficultés économiques et sociales des éleveurs. Cela il n’est pas question de le nier. On déplore leur situation, pour autant il n’est pas question que les animaux en paient le prix. » tient à souligner Maud, militante de L214.

Manifestants arborant leur pancarte. Par Pauline Defélix

Un verdict municipal qui ne satisfait pas tout le monde

Mais ce qui scandalise les militants sur la place, c’est aussi un évènement plus récent. En effet la préfecture avait mandaté d’un vétérinaire sur place afin d’examiner les bêtes. Celui-ci a estimé que les animaux ne faisait pas l’objet d’abus ou de malnutrition, et que les locaux étaient adaptés à leurs besoins : paille, fourrage… Mais selon Marion Pécher, les éleveurs ont été prévenus de cette inspection et ont pu ainsi avoir le temps de « masquer comme ils le pouvaient les délits aux récidives constatées. » Aux yeux des manifestants, la seule solution pour faire cesser les maltraitances de manière définitive est de retirer les bovins de l’élevage. La fondation Brigitte Bardot a ainsi recueilli des fonds et ouvert un abri pour les recueillir sans frais pour la mairie.

Ugo Bernalicis. Par Pauline Defélix

Parmi les manifestants, des élus sont venus apporter leur soutien à la cause des vaches de Wambrechies.

Ugo Bernalicis, député du Nord de la deuxième circonscription et de la France Insoumise déclare : « On vient apporter notre soutien en tant que parlementaires, en tant que représentants du peuple, pour donner toute la force possible à ce signalement, parce que ce n’est pas le premier. ». Selon lui, cette affaire fait échos à des projets agricoles comme la « «ferme des milles vaches », ou des élevages porcins dans le Nord. « En tenant bon, en continuant de se mobiliser, et avec le soutien politique ont vient à bout de ces projets qui sont à l’opposé du monde que l’on veut construire demain. »

Elodie Dievart, engagée politiquement à Wambrechies, confie à cette occasion qu’une suspicion de trafic pèse sur les éleveurs, peut-être avec des abattoirs peu regardants de Belgique. Cette suspicion vient de la variation du nombre de bovins, constatée via des documents et des échanges avec la mairie. « Quelque chose qui n’a jamais été cité dans le dossier et il n’y a pas d’enquête à ce niveau là. C’est quand même inquiétant, car il y a un risque sanitaire derrière. Il faut vraiment qu’on ai un regard à ce sujet, et qu’on ai une surveillance accrue. »

Pauline Defélix