Thomas, 19 ans, étudiant en troisième année à Sciences Po Paris au sein du campus de Nancy est depuis le mois d’octobre en Allemagne. Pour valider son Bachelor, il doit effectuer un an à l’étranger et a donc choisi la ville de Constance. Entre les restrictions liées à la Covid-19, les cours à distance et le manque d’activité, tout ne se passe pas comme le Lyonnais l’avait imaginé.
Début octobre, le nombre de cas positifs en Allemagne est assez faible. Les échanges universitaires sont donc autorisés. Thomas peut préparer ses valises et partir pour un an à Constance, petite station balnéaire située au bord du lac de Constance. Mais le voyage pour parvenir jusqu’à destination n’a pas été simple. En effet, le gouvernement allemand demande à tout étranger arrivant sur son territoire d’avoir en sa possession un test négatif de moins de 48h. Si ce n’est pas le cas, une quarantaine est obligatoire. Constance n’étant pas une grande ville, le voyage depuis Lyon n’est pas direct et Thomas a des difficultés pour trouver un laboratoire pouvant lui valider ses résultats en moins de 2 jours. Une organisation de dernière minute est donc mise en place : direction Colmar en Alsace. Selon l’étudiant, c’était une « stratégie un peu bizarre » : « je suis allé me faire tester à Colmar puis je suis parti à Constance ». Seul point positif : le temps de trajet est raccourci. Une fois arrivé sur place, il a fallu récupérer les clés de l’appartement et là encore, rien n’est simple : « Ça a été compliqué de les récupérer puisqu’on devait croiser le moins de monde possible. Mais cela s’est plutôt bien passé. » Après ce long trajet, une bonne nouvelle attend Thomas : « Début octobre, il n’y avait pas de règlement pour les bars, les restaurants et pour les réunions. Il n’y avait que très peu de cas en Allemagne à ce moment-là. C’était donc génial puisqu’on pouvait aller rencontrer les autres Erasmus. »

Une joie de courte durée
Mais la joie fut de courte durée. Mi-novembre, le nombre de personnes infectées par la Covid-19 ne fait qu’augmenter et le gouvernement allemand décide, comme son homologue français 15 jours plus tôt, de mettre en place les cours à distance. De plus, les bars, restaurants et bibliothèques ferment leurs portes. Le jeune Français est donc obligé de rester dans sa chambre et de suivre ses cours depuis son ordinateur. Cette situation n’est pas « marrante » selon lui : « C’est dur de se concentrer sur Zoom, qui plus est dans une langue qui n’est pas ma langue maternelle. J’ai en effet des cours en anglais et en allemand. » Une certaine lassitude se fait entendre dans sa voix : « C’est un peu triste. J’en peux plus des cours à distance, j’en ai marre. » De plus, Constance étant une station balnéaire, les activités proposées sont à l’arrêt en automne et en hiver. « Je suis dans une période pas très drôle. On ne peut pas faire grand-chose. J’espère que la fin de l’année scolaire me permettra de sortir un peu plus et de faire des choses intéressantes. »
La Covid-19 a un effet assez pervers sur l’Erasmus
Lorsque les étudiants partent en Erasmus, ils s’imaginent rencontrer d’autres personnes de cultures différentes, découvrir de nouveaux lieux, pouvoir échanger dans une langue qui n’est pas la leur. C’est notamment la raison pour laquelle Thomas est parti en Allemagne. Depuis trois ans, il étudie à Nancy, campus franco-allemand. Son objectif avant de partir était donc « d’améliorer [son] allemand et de pouvoir parler avec des germanophones. » Malheureusement, la réalité est tout autre : « Je ne croise pas beaucoup de monde. Qui plus est, je suis actuellement en quarantaine chez moi puisque je suis rentré à Lyon pour les fêtes. » Selon lui, le Covid « a eu un effet assez pervers » : « Normalement, en Erasmus, au début, beaucoup de gens se rencontrent et à la fin, tout le monde est regroupé par nationalité. Il y a beaucoup de jeunes Espagnols, Français et Italiens. A cause de la Covid-19, c’est encore pire. Comme on ne peut pas vraiment se rencontrer, on ne parle qu’avec les étudiants de notre pays. On n’a pas eu le temps de créer des liens avec des personnes d’autres nationalités. C’est donc un peu triste. L’échange culturel n’est donc pas très important. » Et il en conclut, un peu amer : « Ça ne fait pas très Erasmus ».
Mais Thomas est-il déçu de ces conditions ? « Oui, je suis assez déçu mais je me rends quand même compte de la chance que j’ai d’avoir pu partir à l’étranger. La plupart des étudiants partant hors Europe ont vu leurs échanges annuler. J’ai un appartement, des amis et je bosse sur des choses qui m’intéressent. » Il ne regrette donc pas d’être parti malgré ce contexte sanitaire même si prendre du recul sur la situation n’est pas simple. « Je n’ai pas encore le recul nécessaire pr savoir si c’est une vraie déception ou si dans six mois, je ne me dirai pas que c’était bizarre mais que j’en ai quand même retiré certaines choses. Mais pour l’instant, ça n’a pas tenu toutes ses promesses. »
Le Lyonnais ne recommande pas aux futurs étudiants de partir en Erasmus lors d’une crise sanitaire : « Ça ne sert à rien de passer une année tout seul dans sa chambre dans une ville où on n’a pas d’ami et de possibilité de sortie. Si certains étudiants peuvent reporter leur année à l’étranger, ça ne sera que bénéfique pour eux. »
Amélie Desjuzeur
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