Selon des psychologues, « beaucoup d’étudiants sont dans une phase de désespoir »

Le mardi 20 janvier, une jeune étudiante a tenté de se défenestrer à Lyon. Quelques jours auparavant, un autre étudiant lyonnais est également passé à l’acteD’une simple lassitude à des troubles plus graves, le contexte sanitaire pèse sur le milieu universitaireRencontre avec Céline Dupont et Jessica Sautron, psychologues aux côtés des étudiants.

« Les étudiants sont lassés et fatigués de cette situation, ils n’en voient pas le bout », affirme la psychologue Céline Dupont. Elle note également des différences entre ceux en première année, qui n’ont pas eu le temps de se créer une cellule d’amis, et ceux finissant leurs études. 

Abattement moral

Si les deux psychologues confient ne pas avoir ressenti ce mal-être étudiant lors du premier confinement, elles remarquent une forte hausse des demandes en cette rentrée. “Le retour en cours du 4 janvier a été particulièrement compliqué pour les étudiants, certains n’ont pas vu leurs familles pendant les fêtes. Ils ont perdu leur engouement”, remarque Jessica Sautron. 

Une pression financière

Parmi les sources de stress : celle de perdre son job étudiant. Une situation qui, pour certains, entraîne des complications pour payer le loyer, ou les charges universitaires. « En plus de la lassitude des cours, c’est une charge mentale supplémentaire », précise Céline Dupont. Certains ont dû retourner chez leurs parents, il faut repenser la vie en famille. «Cela peut être difficile de revenir quand on a commencé à être autonome et créé un nouveau tissu social » : une désillusion sur leur nouvelle vie de jeunes adultes. 

Les stages et les alternances sont aussi plus difficiles à trouver, utiles pour confirmer la voie professionnelle choisie.

 «Ils ont envie de vrai, d’humain»

Si dans un premier temps les “apéros-visios” ont pu mettre du baume au cœur chez certains, les professionnels constatent en cette rentrée un ras-le-bol général des écrans. «Un isolement s’installe, les étudiants se retrouvent à la fois moins en visio, mais certains ont aussi peur de sortir », constate Jessica Sautron. Les 17-25 ans sont dans une phase de construction psychique, « ces phases de décompensations peuvent avoir des conséquences à l’avenir ». 

Le gouvernement pourrait annoncer une date de réouverture partielle des universités après les vacances de février. Mais les modalités et les conditions restent à définir.

Lola Mahieu