Loi de Sécurité globale : quand la techno réchauffe le cœur des manifestants

Samedi 16 janvier, l’Union syndicale Solidaires a organisé une nouvelle manifestation à Lille contre la loi sécurité globale. Petite nouveauté : des sound systems ont accompagné les manifestants, avec l’aval des organisateurs, histoire de rendre plus audible les revendications.

Le rendez-vous a été donné à 14h, porte de Paris, à deux pas de la mairie. Les revendications étaient claires : retrait de la loi sécurité globale, suppression des décrets autorisant le fichage des opinions politiques, syndicales et des données de santé… En somme, c’était une marche des libertés. Marche autorisée par la Préfecture du Nord dont le tracé était le suivant :

« Je suis venu manifester contre la loi sécurité globale, contre un Etat qui se « fascise » (Sic) à l’aide d’une police qui se renforce et d’une liberté de plus en plus ténue. » nous explique un manifestant. Pour lui, cette manifestation est une « démonstration de force, il faut montrer que la colère est toujours là, montrer que les gens sont toujours solidaires. ». Les syndicats, partis, associations, gilets jaunes et collectifs sont réunis pour protester contre le gouvernement, étendards à la main.

Amnesty International

Représenté par Anne Savinel, responsable régional du mouvement, elle rappelle que « nos droits sont en danger, tout comme nos libertés. Nous sommes absolument opposés aux articles 21, 22 et 24 de ce projet de loi sécurité globale, d’abord parce que nous estimons que filmer les forces de l’ordre est un droit, défendu par le droit international, qui est une des conditions pour la liberté d’expression. Filmer la population (allusion faite aux articles 21 et 22) est un danger pour nos vies privées, aujourd’hui nous ne savons pas ce que vont devenir ces enregistrements surtout s’ils sont accessibles directement par les forces de l’ordre. ».

La France Insoumise

Est présente elle aussi, représentée par Adrien Quatennens, député de la 1ère circonscription du Nord « Je suis ici pour soutenir la mobilisation pour la liberté et donc contre la loi sécurité globale. Cette loi fait partie de l’arsenal liberticide employé par la dérive autoritaire de M. Macron. On vit un moment de crise sanitaire grave avec des conséquences économique et social très lourdes dont on peut penser que l’onde de choc va être encore plus durable que l’épidémie elle même, on voit les destructions d’emplois très importantes dans le pays et la pauvreté qui s’étend. Le gouvernement a bien conscience que cette colère sociale, qui monte dans le pays, ne va pas rester durablement sous cloche comme elle l’est aujourd’hui. Nous pouvons penser que les mesures sécuritaires tels que la loi sécurité globale vise finalement à prévenir ce que pourrait être la répression d’un mouvement social considérable. ». La commission des lois du Sénat poursuit ses travaux préparatoires sur la proposition de loi sur la sécurité globale – adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 24 novembre 2020. Pour Adrien Quatennens, son issue est clair « Le Sénat est à majorité de droite, il n’est donc pas défavorable à ce type de dispositif. Nous avons vu que l’article 24 avait été avoué comme mal rédigé par la majorité après toutes les polémiques, mais nous ne croyons pas du tout au fait que M. Darmanin ait l’intention de le retirer, donc la contestation se fera bien sûr en seconde lecture à l’Assemblée nationale et on (la France Insoumise) sera au rendez-vous, comme à chaque fois avec beaucoup de propositions. ». À la question : le sound system est-il le meilleur moyen pour se faire entendre ? Il répond tout sourire : « Je ne sais pas, en tout cas ce qu’il y a de certain, c’est que ça nous réchauffe le cœur. Je m’attendais pas à avoir de la techno à tout bout de champ en arrivant à la manifestation, mais je dois dire qu’entre la neige et le froid et la techno finalement, la température ambiante est à peu près convenable. » 

Techno, une musique contestataire

La manifestation s’est déroulée dans une ambiance festive et bonne enfant, où les boules-de-neige s’envolaient, comme les soucis. La neige tombait, mais cela n’a pas découragé les manifestants qui se sont transformé peu à peu en fêtards. Cette nouvelle manière de manifester son mécontentement à grand renfort de basses a été permise grâce, notamment, à Clément Uber, co-fondateur du collectif System-D. « Cette manifestation est contre la loi sécurité globale, mais pas que, elle est aussi pour la culture. Ca fait un an qu’elle est à l’arrêt, il y a des milliers de personnes qui sont dans une situation précaire à cause de l’épidémie. Nous venons manifester aujourd’hui pour demander au gouvernement de nous faire confiance en tant que professionnel de l’événementiel, car nous sommes capables de gérer cette crise et continuer à faire danser les gens. Ca fait un an qu’ils ne se divertissent pas, c’est vital de danser, de se faire plaisir, voir du monde, donc c’est ça ce qu’on demande : aller de l’avant tous ensemble plutôt que de nous réprimer dès qu’il se passe quelque chose. » 

Le cortège est arrivé place de la République à 17h, heure à laquelle la manifestation devait se terminer. Les policiers ont rapidement mis fin à la fête qui commençait à s’installer sur la place, à coup de gaz lacrymogènes pour disperser les derniers fêtards.

La police à compté 570 manifestants. Selon Lille actu « deux personnes ont été interpellées, une pour dégradations volontaires et outrage, l’autre pour violences volontaires sur des policiers, en l’occurrence un jet de pierre. ».

Lloyd Lefebvre