Les friperies, l’anti-solde malgré la crise

Alors que les grands magasins profiteront des soldes pour rattraper le retard pris durant le confinement, les friperies n’ont pas nécessairement décidé de suivre le mouvement. Et pourtant, elles ne sont pas les dernières à souffrir de la situation sanitaire.

« J’ai oublié de vous compter la réduction » s’excuse Afida, la responsable de la friperie Oxfam. Une cliente vient de lui acheter des chaussures pour son enfant. Avec la remise de 50%, la paire passe de 2 à 1€… Vivant uniquement de dons, ce magasin associatif du centre-ville propose des vêtements, des accessoires, du mobilier, des jeux de société ou de la vaisselle. Et tout ça à des prix absolument imbattables. Même en période de solde. Afida détaille : « On fait des réductions quand les articles ne partent pas. » Même son de cloche chez Mad Vintage, une grande enseigne de seconde main. « On fait des prix cassés sur les habits qu’on a depuis longtemps. Comme c’est les soldes, on essaye de faire un truc comparable » explique Jimmy Biamoko, l’assistant responsable du magasin en déballant les nouveaux arrivages.

 » Le vrai concurrent, c’est plutôt Emmaüs « 

Plus loin, dans le Vieux Lille, Tilt Vintage n’a pas suivi le mouvement. « C’est dû à la crise sanitaire », conclue Léa Bouharmont, vendeuse dans l’exiguë boutique où résonne du hip-hop old school. Peu importe si les friperies ont décidé de jouer le jeu des soldes : le vrai problème est ailleurs.

Une bénévole d’Oxfam range les rayons de la boutique à l’ouverture du magasin ce vendredi matin.

La vente en ligne, un recours quasi-impossible

« On n’est pas là pour faire concurrence à ZARA ou Levis », analyse Jimmy Biamoko. Et pour cause : les friperies ont leurs clients habitués, engagés dans la consommation de vêtements de seconde main. « Peu importe les prix, ils viennent » assure la responsable d’Oxfam avant d’ajouter que « le vrai concurrent, c’est plutôt Emmaüs. » Dans ce contexte de crise sanitaire, cette clientèle ne répond plus forcément présent. Les friperies s’organisent donc comme elles peuvent. « Les propriétaires ont un site qu’ils ont bien retravaillé depuis mars » révèle Léa.

Jimmy Biamoko déballe les nouveaux arrivages chez Mad Vintage

Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Oxfam souffre beaucoup du manque de tourisme, le magasin étant très populaire auprès des Anglais et des Allemands. Son personnel est principalement composé de bénévoles. Impossible, pour la responsable, de leur imposer la création d’un site. À Mad Vintage, se mettre à la vente en ligne prendrait beaucoup de temps car il y a trop de stock. Ce n’est pas dans les plans. Même quand on est une enseigne qui a fermé 21 de ses 28 magasins en France.