« Skam France », cette série qui parle aux ados du déni de grossesse

Skam France est une websérie adolescente à succès. Vendredi 22 janvier, elle a diffusé le premier épisode de sa septième saison, qui aborde le déni de grossesse. Une thématique dramatique qui alerte sur ce phénomène encore mal connu.

Ne pas savoir que l’on est enceinte, et ne le découvrir que le jour de l’accouchement. Cela peut paraître irréaliste, mais c’est une réalité que vivent des femmes de tous âges et de toutes origines. Un sujet grave, abordé par la websérie Skam France pour sa septième saison. Le premier épisode, diffusé par France TV Slash le vendredi 22 janvier, montre le quotidien de Tiffany, jeune lycéenne, qui tente de se reconstruire après un déni de grossesse.

Skam France, une série d’ados, mais pas que

A l’origine, cette websérie est un remake de Skam (« honte »), une série norvégienne parue en 2015. Celle-ci met en scène une bande de lycéens, avec leur lot d’embrouilles, d’amitiés, d’amours et de coups bas. Le portrait d’une jeunesse qui s’amuse et se cherche. Chacune des saisons est centrée sur un des personnages et explore à travers lui une thématique comme le harcèlement ou l’homosexualité.

Le succès de cette série est tel qu’elle a droit des remake dans plusieurs pays, dont Skam France. La série reprend alors le scénario original, mais en le transposant dans un cadre parisien. Après le quatrième volet, les réalisateurs continuent le concept, en traçant leur propre route. Et ça marche : en avril 2020, alors que la saison 5 est achevée, Skam France cumule 130 millions de vues.

Miniature du clip « Juré craché », épisode 2 saison 7. Source: France.t.v. Slash

La clé de ce succès : avant d’être dévoilés en intégral, les épisodes sont diffusés bout par bout en temps réel. La scène de discussion à la cantine est ainsi mise en ligne à l’heure du déjeuner, et la soirée arrosée est montrée à une heure tardive.

De cette façon, les fans sont suspendus à leurs notifications Youtube et vivent les péripéties des protagonistes en même temps qu’eux. De quoi nourrir l’addiction ! Même si le romantisme est au rendez-vous, le scénario n’hésite pas à plonger dans des sujets gravement réels : le handicap, la dépression, le deuil. Pour la septième saison, les réalisateurs ont fait un choix audacieux avec le déni de grossesse.

Pourquoi en parler

Le trailer de la saison dévoilait le personnage de Tiffany dans un vestiaire de sport, brusquement torturée par des douleurs au ventre inexplicables. Entourée par des secouristes, on lui crie soudain «Poussez ! », ce qu’elle ne comprend pas. Il s’agit d’un déni de grossesse total, c’est-à-dire où la grossesse n’est révélée à la mère que lors de l’accouchement.

Ne pas confondre ce phénomène avec une grossesse cachée : il s’agit d’une situation où une femme est enceinte, mais n’en a pas conscience. Son corps ne donne aucun signal de la présence du fœtus : le ventre ne grossit pas ou très peu. Les menstruations continuent souvent. Les manifestations physiques de la grossesse sont ainsi bloquées, y compris au yeux de l’entourage. Pourtant, le développement du fœtus est bien réel.

Schéma en coupe de grossesse. Source : La Maison des Maternelles.fr

Le déni de grossesse est catalogué depuis 1985 comme trouble psychiatrique. Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français estime qu’environ 340 femmes seraient touchées par ce phénomène. D’après l’Association Pour la Reconnaissance du Déni de Grossesse, entre 600 et 1800 femmes seraient concernées chaque année en France. Dans les cas de déni partiel, la femme prend conscience de sa grossesse avant terme. Mais le déni total, montré dans la série, toucherait la moitié des femmes concernées.

Contrairement aux idées reçues, le déni de grossesse ne débouche pas systématiquement sur un infanticide, même si l’état de sidération est inévitable. Parler de ce phénomène dans une série à succès revient non seulement à informer dessus, mais aussi à alerter sur le besoin d’accompagnement psychologique des femmes qui en sont victimes.

Pauline Defélix