Kobe Bryant, Black Mamba pour toujours

L’année dernière, le monde du sport apprenait l’accident mortel de Kobe Bryant. Il avait rejoint dans la légende de la NBA ses idoles Magic Johnson et Michael Jordan. En vingt saisons sous le maillot des Los Angeles Lakers, il n’avait qu’une obsession: gagner.

26 janvier 2020, stupeur et douleur. Un nom que tout le monde connaît : Kobe Bryant. Et un palmarès long comme le bras. Quintuple champion NBA, meilleur joueur de la saison régulière 2008, un des sept joueurs à avoir inscrit plus de 30.000 points durant sa carrière. « Black Mamba » avait pris sa retraite un soir d’avril 2016. En vainqueur. Ses deux numéros, le 8 et le 24, ont été retirés par les Lakers un an plus tard.

De multiples idoles

Un prénom insolite selon une légende. Son père aurait donné le nom de Kobe, grâce au menu d’un restaurant japonais. Bryant junior se croyait « la honte de sa famille ». Fils de Joe Bryant, il a souffert de la comparaison avec ce dernier. Huit saisons en NBA entre 1975 et 1983 et une légende dans le Championnat italien.

Amoureux du ballon rond d’abord, fan inconditionnel de Magic Johnson mais des bases techniques et des fondamentaux tactiques lui permettront, à son retour aux Etats-Unis d’intégrer l’équipe du lycée de Lower Merion. Les débuts sont médiocres ; il joue à peine quelques minutes par match. Après de nombreuses années d’effort et de travail, l’adolescent filiforme devient la star de son lycée. La NBA lui ouvre les bras.

A la Draft de 1996, il est choisi en 13ème position à 17 ans par les Charlotte. N’étant pas emballer par l’idée de faire jouer un jeune sans être passé par l’université, ils préfèrent l’échanger avec les Lakers. Bingo.

Mais avant d’être reconnu comme la grande idole qu’il est, la planète NBA n’avait de yeux que pour Michael Jordan. La star des Chicago rejoint Johnson dans le Panthéon de Bryant. « Son obsession pour Michael était manifeste », a reconnu Phil Jackson, l’entraîneur qui a remporté six titres NBA avec Jordan à Chicago, puis cinq avec Bryant à la tête des Lakers.

Kobe Bryant et Michael Jordan en 1998  (Getty Images)

Bryant commence à se faire un nom et pour beaucoup, devient le successeur naturel de Jordan. Par son style, son aplomb, son insolence. Tout le relie à la tête d’affiche des Bulls. L’ère Kobe Bryant débute avec son associé, Shaquille O’Neal. Trois années de victoires, de 2000 à 2002. Il est pour son équipe, un véritable acharné de travail, inarrêtable. Séances de shoot à rallonge, analyse des matchs de ses adversaires, séances de préparation physique. Rien ne l’arrête. Ou presque.

Une image ternie par une affaire de mœurs

En 2003, « Black Mamba » perd son sang-froid. Une histoire qui va ternir à jamais sa carrière. Une employée d’un luxueux complexe hôtelier l’accuse de viol, alors qu’il était en rémission après une arthroscopie du genou. Devant les tribunaux, il reconnaît avoir eu une relation sexuelle avec la jeune femme, consentante selon lui. Le procès est finalement annulé après le refus de témoigner de sa victime, avec qui il a trouvé un accord loin des tribunaux.

Devenu le joueur de basket-ball le plus connu pour toute une génération, sportif le mieux payé, la « Bryant mania » ne s’arrête pas. Il s’inscrit dans la légende avec ses 81 points marqué en 2006 contre Toronto, cinq titres NBA, deux sacres olympiques, 18 All Star Game ou ses 33 000 points marqués. Un floppée de record.

Mais toute bonne chose a une fin. Après des blessures graves à répétitions et des statistiques en berne, il annonce que son « corps sait que l’heure de dire au revoir est arrivée ».

Une émotion qui reste vive

D’habitude, le premier mois de l’année est synonyme de victoire pour les fans des Lakers. On repasse en boucle la belle performance de Bryant face aux Raptors. Mais ce 26 janvier 2020, Calabasas et un accident d’hélicoptère viendront tout faire basculer. Une dépêche de l’AFP tombe : le champion de NBA Kobe Bryant, sa fille Gianna et 7 autres personnes ont péris dans cet accident. Quelques heures auparavant, le Black Mamba félicitait un certain Lebron James. Pourquoi ? Eh bien, « Le King » réussissait à dépasser l’exploit de son aîné au classement des meilleurs scoreurs all-time.

Un sentiment inédit. Kobe Bryant était jeune, une légende qu’on pensait immortelle. LeBron James, qui avait prononcé un discours poignant à l’époque et a tenu sa promesse de perpétuer l’héritage de son aîné, en ramenant le trophée de la NBA en octobre, 10 ans après le dernier remporté par Bryant, se refuse de revivre ces heures sombres.

Une fresque murale en hommage à Kobe Bryant (AFP)

Les Kevin Durant, Kawhi Leonard, Kyrie Irving, Jayson Tatum, ou Jamal Murray, pour des générations de joueurs, Kobe Bryant était leur « Michael Jordan à eux ». A Los Angeles, des fresques murales à l’effigie du héros se comptent en centaines. Les hommages se multiplient ; les gens crient « Kobe pour toujours ». Et quand ils ne peuvent pas, ils l’écrivent. Un mot, quelques phrases, qui caractériseront ce que Kobe Bryant représentait pou eux.

Claire Boubert