A l’appel de la Manif Pour Tous, quelques centaines de manifestants se sont réunis, samedi pour protester contre le projet de loi bioéthique. Face à eux, une centaine de contre-manifestants sont venus montrer leur opposition. Comme partout en France, les deux camps se sont fait face tout l’après-midi.

Ambiance particulière à Lille ce samedi. Répondant à l’appel lancé par les organisateurs de la Manif Pour Tous, trois cents personnes se sont rassemblées sur la Place de la République. Leur revendication est simple : la suppression du projet de loi bioéthique. Pour rappel, ce projet de loi a été adopté début janvier par l’Assemblée Nationale. Il entend, notamment, élargir la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples lesbiens et aux femmes seules. Pour beaucoup de manifestants, ce projet va à l’encontre de leurs valeurs. Selon eux, c’est une porte ouverte au développement de la GPA (gestation pour autrui.) Cette crainte, ils ne font pas que la dire, il la crie aussi. Les slogans « Macron, ta loi on n’en veut pas » ou « un enfant ne s’achète pas » résonnent sur la place. Micro, sono et goodies, l’organisation ne lésine pas sur les moyens. De jeunes militants, vêtus de vert, distribuent des tracts et des drapeaux à ceux qui les rejoignent. Le service de sécurité, en jaune, est chargé de filtrer les entrées dans la foule. On craint des infiltrations. Un bébé géant gonflable est même placé en tête de gondole. A côté de lui trône une banderole « Non au projet de loi anti-éthique » Les drapeaux frappés de « Liberté, Égalité, Paternité » sont brandis par les manifestants. Successivement, plusieurs militants prennent le micro pour haranguer la foule. Cette dernière donne de la voix.   

De la voix, il lui en faut. En effet, de l’autre côté de la place, se trouvent des contre-manifestants qui font, eux-aussi, du bruit. 

Une contre manifestation comme réponse

« Fachos, fachos, fachos », voilà ce que les contre-manifestants répondent aux slogans de la Manif Pour Tous. Pour eux, cette manifestation n’est rien d’autre qu’une provocation. Entassés derrière la fontaine, ils sont encadrés. Autour d’eux, la présence policière est impressionnante. Postés à coté ou devant eux, les CRS les surveillent. Une partie des forces de l’ordre s’est placée entre les manifestants et leurs opposants. Le but est d’éviter la confrontation. Malgré leur déploiement, certains contre-manifestants réussissent à s’introduire dans la foule. Repérés après quelques minutes par le service de sécurité de La Manif Pour Tous, ils ont été expulsés de manière virulente. Hormis cela, rien à signaler du côté des heurts. La tension entre les deux camps reste tout de même palpable.

Mobilisés à l’appel de diverses associations lilloises, les contre-manifestants sont venus faire barrage à la Manif pour Tous. Dans leur rang, l’heure n’est pas à la fête mais plutôt à l’incompréhension. Une manifestante confie « Je suis une citoyenne comme les autres, je dois avoir les mêmes droits.  Je trouve ça dur de voir, encore aujourd’hui, ce genre de manifestations qui nous interdit le droit au bonheur. Je ne comprends pas. »

Du côté des contre-manifestants, les drapeaux sont au couleur LGBTQ+. Des bombes de ces mêmes couleurs sont lâchées. Un fumigène est même craqué. 

Vers 14h15, le cortège de la manif pour tous quitte la place de la République. Entourés par leur service de sécurité et les policiers, les manifestants rejoignent les rues de Lille. Les contre-manifestants, quant-à eux, s’approchent du cortège. Des insultes fusent mais pas de violence. Ce mano à mano continuera encore quelques minutes avant de s’estomper. Le projet de loi bio-éthique sera examiné par le Sénat les 2, 3 et 4 février prochain.

Antoine Tailly