#MeTooInceste : Quand les victimes libèrent leur parole

Depuis maintenant une semaine, des centaines de victimes d’inceste témoignent sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MeTooInceste. L’occasion idéale pour se libérer d’un poids sachant qu’en France, un Français sur dix en est victime. Après avoir vu ces témoignages, le gouvernement s’est directement exprimé sur le tabou de la pédocriminalité.

Manifestation contre les violences sexuelles – Pascal Pochard-Casabianca / AFP

Après des années dans l’ombre, des centaines de victimes ont décidé de briser l’omerta de l’inceste. Les paroles sont fortes. « Je m’appelle Victoria, j’ai 27 ans et plus jamais je ne me tairai. » Seulement âgé de 4 ans, le mari de sa grand-mère a commencé à abuser sexuellement d’elle. Encore aujourd’hui, elle est sous le choc et sa mémoire lui joue des tours. Pour elle, le #MeTooInceste est une « délivrance » qui lui permet de se libérer d’un poids.

Un hashtag similaire au #MeToo

Trois ans auparavant, c’était avec le hashtag #MeToo que les victimes levaient le silence. Celui-ci avait été créé après le scandale Weinstein et avait permis de libérer la parole autour du harcèlement sexuel. Le #MeTooInceste, lui, a été mis en place samedi 16 janvier 2021, quelques jours après la parution du livre choc de Camille Kouchner qui accuse son beau-père, Olivier Duhamel, d’inceste sur son frère jumeau.

En l’espace de 24 heures, ce sont des milliers de personnes qui ont publié des messages sur Twitter pour dénoncer l’inceste dont elles ont été victimes. Les réseaux sociaux ont permis de donner accès à la parole à ceux qui en étaient privés. Par conséquent, des centaines de coupables se sont vu prendre le revers de la médaille.

Selon le mouvement féministe #NousToutes, « ces témoignages viennent confirmer ce que disent et répètent depuis de nombreuses années » les professionnels de la protection de l’enfance en précisant que « les personnes qui commettent le crime d’inceste viennent de tous les milieux. »

Dans un communiqué, le mouvement plaide pour des campagnes de prévention massives. Elle estime que « nous aurions la possibilité de détecter ces violences très vite et de les faire cesser. »

6,7 millions de Français auraient été victimes d’inceste

L’inceste représente 80% des faits de violences sexuelles commis sur les enfants. D’après une étude réalisée en 2020 par l’association face à l’inceste, près de 6,7 millions de Français en auraient été victimes, soit près d’un sur dix. Un chiffre qui peut paraître démesuré mais, celui-ci est le même aux Etats-Unis ou aux Pays-Bas.

Des réactions attendues par le gouvernement

Bien que l’inceste reste un sujet tabou dans la société, Brigitte Macron a précisé ce dimanche 17 janvier 2021 sur le JT de TF1, qu’une réforme judiciaire est en train d’être réfléchie par l’exécutif. Elle souligne que : « Le silence, c’est la mort de l’acte. Donc il faut absolument que ces actes soient sus, et que ces actes ne soient pas tus. »

Adrien Taquet, le ministre délégué chargé de l’Enfance et des Familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, travaille sur un plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Quant au garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, plaide pour la requalification pénale de l’inceste en crime. A ce jour, il est encore considéré comme une infraction sexuelle avec circonstance aggravante.

Après les mots, les victimes attendent des mesures plus concrètes. Le gouvernement est attendu au tournant sur ce sujet très sensible.

Quentin André