Alors que les débats font rage autour du projet de loi confortant les principes républicains, la députée La France Insoumise Mathilde Panot a pris la parole pour dénoncer une « insulte sexiste ». Des bancs de l’hémicycle ont fusé des qualificatifs peu glorieux : « folle » et « poissonnière« .
Nouvel épisode dans une série d’attaque sexistes contre les femmes politiques en France. Les insultes ont été lancées alors que la députée du Val-de-Marne s’apprêtait à prendre la parole sur la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. Pierre Henriet, député LREM de Vendée, appelle alors Mathilde Panot « la poissonnière« . Quelques heures plus tard, ce dernier s’excuse mais son propos selon lui n’est en aucun cas « une injure, encore moins sexiste« .
Ce n’est pas l’opinion que partage la députée. Elle dénonce les insultes comme sexistes. Elle s’est d’ailleurs adressée le 3 février à Richard Ferrand, président de l’Assemblée Nationale pour demander des sanctions. Elle rappelle, par ailleurs, dans un message vidéo diffusé sur Brut que dès la Révolution française, celles qui « se battaient pour que les femmes puissent participer à la vie politique étaient déjà, il y a plus de 200 ans, traitées de poissonnières. » La remarque de son homologue revient au « sexisme ordinaire qui est le quotidien de toutes les femmes de ce pays ». Avant de poursuivre que « si on accepte ça dans l’Assemblée Nationale, alors finalement on donne un blanc-seing à toute la société. »
Le dénigrement des femmes dans le milieu politique
L’affaire de Mathilde Panot n’est pas un cas isolé. « Être une femme politique, c’est expérimenter chaque jour les insultes sexistes », a affirmé sur Twitter l’eurodéputée française Manon Aubry, en réponse aux insultes adressées à Mathilde Panot.
En 2012, alors que la ministre du Logement et de l’Egalité des territoires, Cécile Duflot prend la parole, des sifflements de l’opposition lui font face. Autre rappel, en 2013, Véronique Massoneau (EELV) a été coupée par une voix d’homme et visée par l’imitation du caquetage d’une poule. ; en 2017, c’était la députée de la majorité Alice Thourot de se faire interrompre par des bêlements de chèvre. L’année dernière, un député avait publiquement traité trois de ses homologues féminines de « petites connes« .
Le dernier rapport du HEC publié en 2020 qui revient sur le sexisme en France, a qualifié le milieu politique comme le « bastion du sexisme » et de « chasse gardée des hommes« . Les femmes sont « considérées comme des intruses, sujettes à des disqualifications et incivilités, notamment sous formes d’interruptions de leur prise de parole, objets de comportements paternalistes et confrontées aux violences sexistes et sexuelles« .
(Enfin) des sanctions ?
La députée est décidée à ne pas laisser passer cet incident : « Si on laisse à l’Assemblée nationale des parlementaires femmes se faire régulièrement insulter, alors, en fait, on a une institution de notre République qui accepte le sexisme ordinaire, qui est le quotidien de toutes les femmes de ce pays ».
Mathilde Panot ajoute qu’une autre insulte lui a été lancée, « la folle« , par un « député LREM » et demande une « identification sans délai de l’auteur » de ces propos, également audibles dans la vidéo des débats. Lors de l’incident, le président de séance David Habib (PS) a déclaré « ne pas être au courant de ce qui a été dit« , mais transmet à Richard Ferrand les vidéos du débat pour faire la lumière sur cette affaire. Richard Ferrand va devoir « rassembler les éléments » et « aura l’occasion de s’exprimer » sur le sujet selon ses propres mots.
Claire Boubert
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