Faire transiter du vin, du cacao et du café à travers l’Océan Atlantique sur un voilier? Non vous ne rêvez pas, ça existe bel et bien, et ça s’appelle Grain de Sail. Petite virée aux côtés de Pierre Cordier, superviseur du prochain cargo à voiles, pour comprendre le fonctionnement de cette entreprise d’avenir. 

Qui a dit que les Bretons ne mangeaient pas de chocolat ? A Morlaix en tout cas, dans le Finistère Nord, on en mange, et du très bon. Car depuis quelques années maintenant, l’entreprise Grain de Sail s’y est installée pour confectionner son propre chocolat et café. Et par n’importe lequel: les matières premières viennent tout droit des Antilles et d’Amérique du Sud… par voilier !

“Personne ne veut se passer de café, ni de chocolat”

Parce que les cargos au fioul lourd, c’est dépassé, Grain de Sail s’est lancée dans une aventure folle: celle d’embarquer du vin bio français depuis Saint Malo jusqu’à New York avant d’entamer une nouvelle escapade aux Antilles/Amérique du Sud pour en ramener le précieux cacao et café, le tout sur un cargo à voiles. 

Le premier a déjà fait sa première virée à Noël. “C’est une boucle de deux mois et demi environ: c’est plus long que les cargos diesel mais le but c’est d’offrir la possibilité d’avoir des produits exotiques avec un minimum d’émission carbone” explique Pierre Cordier, superviseur du prochain voilier.

Pari gagné en tout cas pour Grain de Sail qui aura produit environ 200 tonnes de chocolat fini (2 millions de tablettes) en 2020 ! « On prône de plus en plus une consommation locale. Mais personne ne veut se passer de café et de chocolat.” ajoute l’ingénieur naval. 

Un voyage plus long mais vertueux

Le premier modèle de voilier ne pouvait transporter que 50 tonnes de marchandises, ce qui est très peu lorsque l’on compare aux milliers de tonnes que peuvent contenir les cargos diesel. “C’est le début. Ca parait fou, mais c’est le premier voilier spécialement conçu pour la marchandise” s’enthousiasme Pierre qui travaille déjà sur le prochain prototype, plus grand et plus performant: “il pourra accueillir 250 tonnes, soit 5 fois plus que le précédent!”.

Cerise sur le gâteau: le chocolat est transformé et fabriqué par des personnes handicapées employées dans les ateliers: « On essaie de faire quelque chose de vertueux » précise fièrement Pierre. 

Et Grain de Sail est loin d’avoir dit son dernier mot: un nouvel atelier devrait ouvrir prochainement à Morlaix pour permettre d’augmenter la production de chocolat tandis qu’une chocolaterie à Dunkerque pourrait également voir le jour d’ici peu… affaire à suivre!

Emilie Cordier