Ce samedi 6 février, à Lomme, les habitants ont manifesté leur colère. Quelques semaines avant, la SNCF a annoncé la fermeture de la gare de Lomme, un service public que les Lommois et les Lommoises jugent « indispensable ».
Depuis quelques années, les trains ne circulent plus sur les voies de la gare. La nature reprend ses droits sur les rails et le silence est roi. Toutefois, ce lieu n’est pas fermé. Il continue d’ouvrir pour permettre à ses habitants d’acheter leurs billets de train et trouver des informations. Mais cette boutique n’est pas « rentable » aux yeux de la SNCF. La fermeture, prévue en mars prochain, est inévitable selon sa direction. Face à cette nouvelle, les usagers et les cheminots ont manifesté leur opposition devant la gare de Lomme. Ce rassemblement organisé par la CGT des Cheminots de Lille-Délivrance est rythmé de discours et de musiques pour mettre l’ambiance.

L’importance la voici : empêcher la disparition des services publics et garder « un guichet humain ». Pour tous, « cette boutique voyageurs est un service public de proximité essentiel pour de nombreux/ses Lommoises et Lommois ». À cette initiative, la CGT a lancé une pétition intitulée « Non à la fermeture de la gare de Lomme » : 900 signatures ont été recueillies, ils espèrent atteindre les 1 000. Des drapeaux de différentes couleurs se réunissent : EELV, CGT, PS ou encore le parti Génération.s fondé par Benoît Hamon.
Pour Dominique Sens, le représentant régional CGT-Cheminots du Nord-Pas-de-Calais, « Il y en a marre que tous les services publics ferment et qu’une partie de la population n’ait plus accès à ces services ». À cela, la directrice de l’axe TGV Nord, Isabelle Bascou, a assuré que la boutique ne serait pas totalement fermée. Elle promet la mise en place d’un nouveau point de vente au bistrot d’en face. Néanmoins, cela ne règle pas le problème selon Dominique Sens : « Vous voyez comme moi aujourd’hui qu’en cette période de confinement, le service public reste ouvert, le bistrot, lui, il est fermé ». Faustine Balmelle, la représentante du parti Génération.s de Lille est venue apporter son soutien : « on est face à un gouvernement qui est de plus en plus dur avec le service public ». Elle ajoute qu’il s’agit d’un lieu indispensable qu’on ne peut retirer à ses habitants : « Moi, le train c’est mon boulot. Sans ça, je ne peux plus aller travailler ».
« C’est inacceptable, le service public est intouchable, partout ! Que ce soit en ville, que ce soit à la campagne, que ce soit à Lille, que ce soit à Lomme »
Faustine Balmelle, représentante du parti Génération.s de Lille

Ce rassemblement est dans la continuité de la lutte contre le plan de privatisation de l’entreprise ferroviaire. Dominique Sens le souligne : « On est dans un plan social continu à la SNCF depuis la réforme de 2018, il y a des centaines d’emplois qui sont supprimés tous les ans ». La CGT-Cheminots réclame l’étatisation de la SNCF qu’elle juge être un service public contrairement à l’entreprise selon son représentant régional : « pour eux, le TGV, ce n’est pas du service public, donc il faut être rentable ».
Mais plus qu’une gare, plus qu’une boutique, ce lieu est un point de rencontre et détient une histoire. Lomme connaît une histoire ferroviaire de longue date et ce bâtiment en est un témoignage. Pour Eddie Jacquemart, le président de la confédération nationale du logement (principale organisation de défense des locataires en France), la gare est « un élément important ». Elle « représente pour le quartier un point de transport et un point de désenclavement des quartiers ». La fermer c’est « priver les habitants d’un moyen de se transporter ».
« On est en train d’enlever l’humanité d’un quartier »
Eddie Jacquemart, président de la confédération nationale du logement
Il s’agit d’un espace où les gens se rencontrent dans lequel ils partagent une histoire : « on ne peut pas gommer le passé d’une ville, d’un quartier ». Il ajoute que des expressions se réfèrent à la gare : « près de la gare », « va à la gare ». Il s’agit également d’un point de repère pour ses habitants qui pourraient bien ne plus jamais la revoir.
Léa Comyn
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