Avec l’épidémie, la France a enregistré moins de mariages et de naissances. Selon l’Insee, le nombre d’ « épousailles » est en recul de 34% avec 14 000 nouveau-nés de moins en 2020 par rapport à 2019. À cause des contraintes, les couples ont préféré reculer la date de leur union afin de la fêter avec leur famille et leurs amis. Pour autant, peut-on dire que l’amour est en crise ?
Le contexte sanitaire nous a fait changer notre comportement. Nous avons dû revoir notre façon de travailler, il en est de même pour notre vie sociale. Et la Saint-Valentin en est impactée. Si certains ont décidé de passer leur week-end avec leur compagnon, pour d’autres couples, la journée est hors du commun. Pour Loup-Anne, 20 ans, « étant donné les restrictions au niveau des restaurants, cinémas… » elle n’a « pas l’impression de rater quelque chose ».
Les confinements et les restrictions sanitaires compliquent les relations
Pendant les confinements, on se voit moins ce qui complique la construction du couple. Pour Elodie, 19 ans, la crise a eu raison de sa relation amoureuse : « On ne s’est plus vu pendant une longue période. Ça a créé de la distance et on partageait forcément moins de choses. On était en visio mais c’était embêtant […]. Il n’y a pas le contact physique, ce qui enlève beaucoup. Surtout quand on est basé que là-dessus ».
« Le fait de ne plus se voir pour une durée indéterminée, sachant qu’on n’est pas du tout du genre à s’appeler mais à privilégier les messages, m’avait plongée dans pas mal de doutes concernant notre couple : j’avais l’impression de me lancer dans quelque chose qui n’en valait pas la peine »
Anna, 21 ans
Quand le couple ne fait que commencer, la crise arrive au mauvais moment. À l’annonce du premier confinement, Chloé, étudiante, n’était qu’au début de sa relation : « Cette situation a eu un impact sur notre couple dans le sens où nous étions au début de notre relation, et nous n’avons pas pu la vivre comme en temps normal ». La fermeture des bars, restaurants et boîtes de nuit n’a pas facilité les rencontres pour les célibataires comme pour les couples.
« Plus de restaurant, cinéma ou café pour passer des moments à deux qui changent du quotidien. Se voir se résumait à passer du temps dans la même pièce à chaque fois »
Pauline, 21 ans
Et pour les relations à distance, la crise accentue cette sensation d’éloignement. Marine, 21 ans, était en couple avec un étranger. Selon elle « traverser une frontière pendant une crise sanitaire mondiale est compliqué. Il faut faire un test PCR pour être en mesure de le faire et [l’] impossibilité de trouver du travail cet été a rendu compliqué le fait de payer les trajets de train pour aller le voir ». Pour d’autres, les journées loin de l’un de l’autre ont été fatales. Célia, jeune étudiante, a fini par rompre : « Ça a été très compliqué, car même si on s’appelait régulièrement, nous n’avions pas grand-chose à nous raconter puisqu’on passait nos journées à suivre des cours en visio sans voir grand monde ». La solitude est plus difficile et l’angoisse s’implante durablement. Célia ajoute que « ce qui a été le plus dur à gérer […] a été le stress qui s’est installé par rapport à la situation : la menace d’un nouveau confinement, l’impossibilité d’organiser des sorties au restaurant, au cinéma… mais surtout l’incertitude liée à nos études ».
L’amour s’adapte
Les rencontres sont difficiles, mais elles ne sont pas pour autant inexistantes. Avec la crise, de nombreuses personnes se sont mises sur les réseaux sociaux. Selon une étude de l’Ifop (Institut français d’opinion publique), 30% des personnes en couple depuis le premier confinement se sont rencontrées via un site ou une application de rencontre. C’est 9% de plus par rapport à janvier 2020. Ces moyens de communication se sont même adaptés au contexte. Tinder, Happn et Once proposent un rendez-vous en visioconférence s’il y a « match ». Selon Florence Escaravage, fondatrice de Love Intelligence (une entreprise pour le coaching en amour), « On a vraiment remarqué un changement dans le mode opératoire : les gens en ont marre de discuter en ligne, ils veulent se rencontrer et se rencontrer vite ». Elles sont certes plus compliquées, mais elles sont d’autant plus « intenses » quand elles arrivent.
« Dès qu’il y avait des sortes de retrouvailles, tout le monde était dans le même état d’esprit de se rencontrer. Ça facilitait les rapprochements »
Elodie, 19 ans
Toutefois, si les applis permettent un lien, elles ne remplacent pas totalement les rencontres physiques. Après sa séparation, Marine s’est inscrite sur Tinder « mais c’est très compliqué de se résoudre à rencontrer des personnes via le téléphone. Ça perd son romantisme ».
La crise : un « tue l’amour » ?
Des rencontres compliquées, des couples qui ne peuvent plus sortir en amoureux, la crise a tout l’air d’un « tue l’amour ». « La crise a d’un côté séparé les gens ! Pour les célibataires, je pense que ça doit être difficile car à part les sites de rencontres, comment se rencontrer ? » souligne Chloé. Certaines relations n’y ont pas survécu comme le déclare Marine, l’épidémie « a créé beaucoup de tensions au sein de certains couples. Vivre avec quelqu’un est une chose, mais se supporter 24H/24, 7J/7 en est une autre ». Sans parler du stress et de l’incertitude qu’elle engendre. « Il est très difficile de se projeter dans l’avenir. Nous vivons plutôt « au jour le jour », en attendant que la crise s’arrête un jour, ce n’est pas l’heure des projets » affirme Pauline.
Néanmoins, selon une étude du site Charles.co révélé par La Dépêche, 60% des couples ont estimé que le premier confinement s’est plutôt bien passé. Cette période les aurait rendus plus « forts ». Ils se rendent compte qu’ils peuvent affronter ensemble ce genre d’événement. Pour Claire, il faut « toujours voir le côté positif : ça nous a appris à vivre avec la distance ». Si certains amoureux ont rompu à cause de la crise, ils ne représentent que 5% des Français selon un sondage de l’Ifop.
La Saint-Valentin, c’est le moment de se retrouver en amoureux pour Chloé : « je m’estime heureuse de pouvoir fêter la Saint-Valentin avec mon copain, rien que tous les deux. Et cette fête, malgré le fait qu’elle soit commerciale a de l’intérêt pour moi, c’est la fête de l’amour ! ». Pour d’autres, c’est une journée où on oublie ses problèmes comme le décrit Célia : « elle peut être l’occasion pour les couples de se retrouver et d’innover un peu pour passer du temps ensemble, en oubliant au moins pour une journée le contexte actuel ».
*certains noms ont été changés pour préserver l’anonymat
Léa Comyn
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