Sur France 2, l’Histoire a (du) succès !

Portraits de personnages ou d’un événement, documentaires, ré-interprétations de la réalité par une fiction, autant de programmes dont le succès n’est plus à prouver. Depuis quelques années, France 2 sert l’Histoire a un public toujours plus désireux de connaître son patrimoine, matériel ou non. 

Tout commence en 1997. Patrick de Carolis, alors directeur des documentaires et magazines chez France Télévisions, crée avec Patrick Charles une nouvelle émission dans le paysage audiovisuel français : Des racines et des ailes. Jouant de proximité et d’ouverture, elle ne tarde pas à trouver son public, au point d’en être aujourd’hui à sa vingt-quatrième saison : le succès des émissions à caractère historique est lancé.

Tandis que les premiers épisodes établissent la série de France 3 comme touchant à de nombreuses richesses du patrimoine, d’autres, spéciaux, ne tardent pas à accentuer davantage encore la qualité du contenu, parfois même enrichi par la collaboration de musées. 

Près de dix ans plus tard, et tandis que l’émission continue, France Télévisions pense à un nouveau programme. Au lieu de venir remplacer le succès certain de cette série télévisuelle, Jean-Louis Remilleux préfère en ajouter un second qui s’y ajoutera, cette fois-ci diffusé sur France 2. Secret d’Histoire est lancé, et se distingue Des racines et des ailes. Tandis que celle-ci joue dans la plupart de ses magazines de plusieurs reportages tous tournés autour d’un thème, la nouvelle émission doit se rapprocher des numéros spéciaux, en proposant un focus resserré sur une problématique précise. Et le ton est donné.

Dès le premier numéro consacré à la mort de Napoléon et tous les mythes qui l’entourent, le succès ne se fait guère attendre. Tout comme Des racines et des ailes, l’émission des secrets joue de reconstitutions, tout en donnant la parole aux scientifiques, experts et universitaires qui sont les plus à même de répondre à tel ou tel sujet. Des spécialistes dont les propos, ajoutés aux images des décors et de personnages joués, donnent une vision bien plus colorée de l’Histoire : aux anciens livres de l’école, le public peut désormais poser sur ces noms familiers une époque, une voix, une vie.  

D’une promenade dans Galerie des Glaces du château de Versailles aux mystères du cimetière du Père-Lachaise, Stephane Bern initie les Français par ses différentes émissions aux richesses du patrimoine. Source : coulisses-tv.fr

C’est vers la fin de l’année 2011 que l’émission s’approche de ce qu’elle est aujourd’hui, abandonnant les débats parfois trop théoriques pour une vulgarisation, jamais vulgaire, de l’Histoire. Et c’est à la même période qu’apparaît sur la chaîne voisine qu’est France 3 L’Ombre d’un doute. Présenté par Franck Ferrand, véritable conteur à la manière d’un La Fontaine qui se promène dans les grandes affaires historiques, le nouveau programme s’adjoint d’un thème musical qui fait de chacun des deux documentaires un double visage de l’Histoire à la télévision : à travers les deux premières chaînes du service publique, ce sont deux musiques qui se répondent, deux présentateurs qui enseignent, deux façons de raconter une même histoire.

Les succès sont établis, au point même d’être aptes à la polémique : certains numéros poussèrent parfois de nouveaux affrontements au sujet de débats pourtant anciens. Rallumer l’Histoire, c’était aussi rallumer ses passions ; éveiller à l’Histoire, c’était éveiller à l’exaltation. 

Jeunes comme moins jeunes, tous se retrouvèrent autour de la découverte d’un même patrimoine sous un jour nouveau.

Toutefois, le succès n’avait rien de miraculeux, et sa recette semble depuis près de dix ans particulièrement appréciée. Comme le rappelle Stéphane Sallé de Chou sur Europe 1, « les émissions d’histoire ont les trois ingrédients qui fonctionnent : pouvoir, argent et amour ». Voilà pourquoi ils sont repris même dans les plus grandes séries mondiales : de Reign à Downton Abbey en passant par la récente The Crown, toutes les têtes semblent tournées du côté du passé. 

Rien d’étonnant donc à ce que la recette soit encore reprise par France 2 pour exploiter le patrimoine national dans une série, cette fois-ci non plus sous forme documentaire mais à la sauce anglo-saxonne : De Gaulle, l’éclat et le secret était née.  

Réalisée par François Velle, De Gaulle, l’éclat et le secret est une mini-série dramatique diffusée depuis 2020 sur France 2. Source : leparisien.com

Mais la passion pour l’Histoire ne peut être limitée à la passion pour la petite vie privée des grands de ce monde, aussi passé qu’il fut. Et tandis qu’en 2015 s’achevait L’Ombre d’un doute, Stéphane Bern adjoignait à sa première casquette une seconde pour la présentation de Visites privées. 

En reprenant la recette Des racines et des ailes, l’émission s’organise dans un format bien plus court d’une cinquantaine de minutes divisées elles-mêmes en trois ou quatre rubriques amenées par des visages nouveaux. Ainsi, c’est un thème avec son invité qui est travaillé dans un format dynamique présentant les coulisses insoupçonnées du patrimoine français.

Et si Visites privées a depuis été arrêté, France 2 continue de laisser une place de choix aux plateaux d’historiens dans ses programmes : la très ancienne émission Télématin et ses 35 années est ainsi pourvue d’une chronique Culture, qui dispose elle-même de rubriques parmi lesquelles se retrouvent une dédiée à l’Histoire, et une autre aux musées.

Toutefois, France 2 ne saurait être résumée au petit écran. Au cinéma aussi, la chaîne du groupe France Télévisions a illustré le patrimoine et joué de ses histoires. Et tandis que Dumas voyait sa Reine Margot adaptée en 1994, Edmond Rostand recevait par la performance de Gérard Depardieu un dernier César pour son célèbre Cyrano de Bergerac. Une pièce de rhétorique et d’éloquence propre au patrimoine immatériel français, héritée des modèles hellènes et latins, et dont l’art de la palabre se retrouve bien plus récemment dans Le Brio.

La très célèbre scène de la « tirade du nez » jouée par Gérard Depardieu dans Cyrano de Bergerac fut en partie réalisée par France 2. Elle est restée comme l’un des pans majeurs du cinéma et de la comédie française. Source : arte.tv

C’est avec le même brio que la chaîne continue depuis de partager au grand public les richesses souvent insoupçonnées du patrimoine tant français que mondial. Un éveil à la beauté et au sens du devoir. En somme, une invitation à la nécessaire protection des souvenirs d’une gloire passée.

Foucault Barret