A tout juste 24 ans, Miléna Chellé vient de publier La Haute Couture française sous l’Occupation. Grande passionnée de l’histoire du XXème siècle et de mode, elle a souhaité faire découvrir une thématique qui reste peu étudiée.
- Pouvez-vous présenter le livre en quelques mots ?
« Il s’agit d’un ouvrage de recherches illustré, visant à étudier les enjeux économiques, socio-politiques et patrimoniaux du maintien de la haute couture dans la France occupée. Il permet de comprendre en quoi la presse spécialisée de l’époque reflète les enjeux du maintien de cette industrie. Deux catalogues de luxe et une revue féminine plus populaire ont été choisis pour aborder cette étude. »
- A qui s’adresse-t-il ?
« Bien qu’il s’agisse d’un ouvrage de recherches, l’objectif est de le rendre accessible au public le plus large possible. Outre les professionnels des secteurs mode ou médias, universitaires, étudiants de toutes disciplines ayant trait à cette thématique ; ce livre s’adresse donc à tous les passionnés. »
- Que retenir de l’ouvrage ?
« La mode est généralement perçue comme un sujet frivole et plus encore quand il s’agit d’une industrie de luxe comme la haute couture. Pour une période aussi critique que la guerre, cette idée est encore plus prégnante. D’ailleurs, rares sont les travaux portant sur la mode née sous l’Occupation et parmi ces travaux, aucun n’avait encore été consacré exclusivement à la haute couture. L’objectif à travers ce travail est donc de déconstruire ce cliché de légèreté, de superficialité, afin de mettre en avant les dessous d’une industrie finalement méconnue. L’autre objectif était également d’insister sur l’engagement trop souvent passé sous silence des femmes dans la Résistance. Un chapitre est ainsi consacré aux formes de résistance passive et active rencontrées dans le monde de la mode.»
- Avez-vous voulu véhiculer un message à travers ce livre ?
« Oui, la méconnaissance de l’industrie de la mode sous l’Occupation pousse souvent à n’en retenir qu’un visage et le moins flatteur : celui de la collaboration. Or, de la même manière qu’on sait aujourd’hui que les Français étaient en fait partagés entre attentisme, collaboration et résistance ; la position de la haute couture durant cette sombre période est bien plus complexe car cette dernière apparaît en fait comme un microcosme cristallisant toutes les opinions. La haute couture reste un précieux secteur après la Libération de Paris puisqu’elle prend activement part aux nouveaux combats s’ouvrant alors pour la France, qu’il s’agisse de reconstruire son économie, de redorer son image face aux Alliés, de défendre sa souveraineté ou de faire face à une concurrence étrangère nouvelle en matière de mode. »
Propos recueillis par Flore Lheureux
Le livre est disponible en commande sur le site des Editions du Menhir, au prix de 29,90€.
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