Le 2 mars dernier, le Petit Konbini, une épicerie japonaise, a ouvert ses portes à Lille. Certains l’attendaient notamment les fans du Japon. Après quelques complications dues au Covid-19, le voilà enfin. La culture japonaise envahit les rues lilloises.
Fondé il y a un an à Roubaix, Quentin, son gérant, a décidé de déménager pour s’installer à Lille. La raison : « On a reçu plein de messages nous disant que les gens adoraient notre concept mais qu’on était situé trop loin. Et en faisant un sondage auprès de notre clientèle, on s’est rendu compte qu’ils étaient 90 % à venir de Lille » confie-t-il à Actu Lille. Le 26 septembre, au terme de son bail d’un an, il ferme sa boutique et cherche un nouveau local. Toutefois, la crise complique les choses. Trouver un local pas cher et proche du centre-ville n’est pas chose facile. L’ouverture était prévue en janvier, finalement elle se fait en mars. Installé à présent à rue du Molinel, le commerce a doublé sa surface. Désormais le choix des produits est plus large.

Une envie de partager une passion pour le Japon
Depuis quelques années, Quentin organise des ventes éphémères de produits japonais autour de la région. Cette épicerie lui permet de faire connaître sa passion : le Japon. Pour les vendeurs, ce n’est pas « juste un commerce, mais un espace culturel ». Ils proposent donc différents types de produits : des friandises, du thé, de quoi cuisiner, de l’alcool et à présent des antiquités japonaises. La boutique promet également de nouveaux ateliers qui s’ajouteront aux cours de japonais, de calligraphie et aux essayages de kimono. Toutefois, il faudra attendre que la crise sanitaire le permette.
Cette passion ne s’arrête pas là, elle va jusqu’à la décoration du magasin. Pour le nouveau local, le gérant a travaillé la déco pour qu’elle soit davantage nippone. Lorsqu’on y entre, c’est l’impression d’être au Japon que Quentin veut donner. Ce sentiment va jusqu’au nom du magasin : le « Petit Konbini ». Un konbini est un commerce de proximité japonais, souvent ouvert 24h/24 et 7j/7. Néanmoins, dans le konbini japonais, on y trouve de tout et n’importe quoi. Le Petit Konbini veut, pour sa part, proposer des produits « hautes gammes ».

Un amour pour le Japon en France
Cette passion pour le pays du soleil levant, Quentin n’est pas le seul à l’avoir, loin de là. En France, il y a un véritable engouement pour la culture japonaise. Le Japon a su, après la Seconde Guerre mondiale, développer son soft power. Sa culture touche de nombreux pays, et l’un des plus touchés est la France. Chaque grande ville française a son restaurant japonais ou son konbini. De nombreuses salles de sport proposent des arts martiaux comme le karaté ou le judo. Par ailleurs, le président Jacques Chirac adorait voir des combats de Sumo. Sans oublier les mangas et les animés. On retrouve à chaque saison la liste des animés à regarder. Les films des studios Ghibli font plusieurs centaines de milliers d’entrées au cinéma. En 2002 par exemple, Le Voyage de Chihiro fait plus de 1,4 million d’entrées en France. Pour ce qui est des mangas, la France est le troisième plus gros consommateur au monde en terme d’exemplaires vendus, derrière les États-Unis et le Japon. Toute cette attirance pour la culture nippone a donné naissance à des conventions, des événements et des salons sur l’archipel. Pour ne citer que la plus connue : la Japan Expo existe depuis plus de 20 ans. Il s’agit de l’événement dédié à la culture nippone le plus important d’Europe. La présence de la culture japonaise en France n’est plus à prouver. Mais comment en est-on arrivé là ?
Un amour né il y a 50 ans
Après la guerre, le plan « Cool Japan » est lancé. Il faut faire aimer le Japon à l’étranger. En France, cela s’est fait en trois grandes étapes et a commencé il y a cinq décennies. La première étape a été l’apparition des premiers mangas traditionnels. Ensuite ce fut au tour de la télévision avec les nombreux animés japonais. Et enfin, c’est le secteur du jeux vidéos qui est envahi. Ce qui a permis au Japon d’influencer les cultures occidentales, c’est sa perméabilité commerciale entre les genres. Prenons un exemple : un manga à succès va rapidement être adapté en animé qui va ensuite voir des sorties de films au cinéma, il est ensuite décliné en jeux vidéos et différents produits dérivés. Tout cela peut aller jusqu’à la construction d’une attraction dans un parc à thème. Non seulement d’une grande perméabilité, les franchises japonaises durent dans le temps. Prenons les plus connus : One Piece et Pokémon. Le manga One Piece a vu son premier numéro naître en 1999 et la série n’est toujours pas terminée. En ce qui concerne Pokémon, Nintendo a annoncé il y a peu de temps la sortie de son prochain jeu Diamant Étincelant et Perle Scintillante. Cette longévité permet de toucher plusieurs générations et de s’installer durablement dans l’inconscient français. Petit à petit certains vont développer un intérêt pour le Japon, vont apprendre la langue ou y effectuer un voyage.

Quelques réticences
Néanmoins, la culture japonaise a connu quelques réticences du public français dans les années 1990. Les animés japonais ont longtemps prédominé sur les ondes françaises, en particulier dans les émissions jeunesses. Qui n’a pas entendu parler de Goldorak, Candy ou encore Albator ? Dans le Club Dorothée, une émission jeunesse ayant marqué toute une génération, sur plus d’une soixantaine de séries et sitcoms diffusées, 40 % étaient des productions japonaises. Cette omniprésence inquiète certains. Cela vaut une loi sur les quotas télévisuels en 1990 pour que la proportion de séries japonaises diminue au profit des séries françaises. Pourtant, même sur des séries emblématiques que l’on penserait françaises ou américaines, le Japon y apporte sa touche et son expertise. C’est le cas de Maya l’Abeille et des Mystérieuses Cités d’Or qui ont été coproduites avec les Japonais.

Si le Japon a su développer son soft power, il n’est pas le seul. Depuis quelques années, c’est la Corée du Sud qui devient de plus en plus à la mode. Avec la Kpop, les manhwas et les dramas coréens, la culture coréenne s’impose de plus en plus. L’année dernière, deux manhwas ont été adaptés en animé : Tower of God et The God of High School (toutefois la production reste japonaise). Le Petit Konbini l’a compris et vend désormais des produits coréens pour davantage plaire à sa clientèle.
Léa Comyn
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