Autorisé depuis le mois dernier par la préfecture d’Arras à accueillir les routiers sur place, cette réouverture ne demeure qu’une première étape et reste insuffisante pour le restaurant basé à Attin.

Il est vrai, la bonne odeur est de mise du côté du restaurant Pom’Frites d’Attin. Entre les frites, les sandwichs américains, les différentes sauces et consorts, nos papilles gustatives partent pour un moment d’évasion le temps d’un moment. Autorisé depuis le mois de février à pouvoir accueillir les routiers sur place, tout en respectant bien évidemment les règles sanitaires (distanciation, gels à disposition, port du masque…) Jean-Charles Mann, gérant de l’établissement, ne boude pas son plaisir : « C’est un réel bonheur de pouvoir accueillir à nouveau du public même si pour l’instant on est limité aux routiers ». Seul bémol, ces derniers sont beaucoup plus présents le soir. Le couvre-feu imposé à 18 heures empêche donc ce dernier ainsi que son équipe à pouvoir accueillir encore plus de monde.
Cette initiative, le gérant en est fier. C’est lui-même qui a décidé d’enclencher le mouvement après avoir fait une demande à la sous-préfecture de Montreuil-sur-Mer qui a ensuite transmis sa demande auprès de la préfecture d’Arras, qui a donné son accord à la mi-février. « La préfecture n’a pas été difficile à convaincre. Il faut savoir que l’on est que dix restaurateurs dans le Pas-de-Calais à avoir cette autorisation. Personne n’avait fait la demande dans le secteur. J’en ai profité » explique-t-il souriant.
Une première étape insuffisante
Avec une limite fixée à 20 personnes dans l’enceinte, cette démarche a permis à faire une plus grande publicité à l’entreprise. Néanmoins, si cette réouverture partielle est une première étape, Jean-Charles Mann pousse un cri d’alerte : « Il reste très compliqué de survivre actuellement. On veut des décisions fortes du gouvernement. On parle d’une possible fin de couvre-feu et de réouverture totale d’ici le 15 avril. On l’espère vraiment ». Obligé de totalement se concentrer sur la vente à emporter depuis maintenant plusieurs mois, qui représente en temps normal 15 à 20% du chiffres d’affaires total, le restaurateur craint que les gens gardent cette habitude. « Je ne suis pas certain de pouvoir continuer la vente à emporter, je pourrais même être contraint de fermer d’ici quelques mois » concède-t-il amèrement.
Travailleur dans l’âme, il essaye néanmoins de ne pas s’apitoyer sur son sort et fait tout ce qu’il peut pour maintenir son entreprise en vie. Cependant, rien ne sera facile : « Il nous faut plus d’aides, mais elle ne cesse de diminuer notamment au niveau du taux du chômage partiel. Au début de la crise, il était dans mes souvenirs dans les environs de 85%. D’ici deux mois, il descendra à 36%. On ne peut pas payer les 64% restants si on ne rouvre pas ! C’est devenu vital ! » tend-il à alarmer.

Une situation qui bouleversera aussi la campagne de recrutement saisonnière. Habituellement très propice, cette dernière risque d’être bien compromise en raison de la situation incertaine du domaine de la restauration : « L’autre question qui se pose aussi, c’est quand cas de bonne nouvelle et de réouverture, c’est le potentiel manque de main d’œuvre auquel on pourrait faire face ».
Une première étape donc qui ne suffit donc pas. Ce ne sont pas les autres clients, habitués à venir sur place et qui doivent depuis plusieurs mois se contenter de la vente à emporter qui diront le contraire : « On a hâte que ça rouvre. Il y a en plus de belles terrasses. On espère que cet été, on pourra venir manger ici sur place » concède Antoine, technico-commercial dans le secteur. Même son de cloche pour son collègue : « C’est déjà ça de pouvoir commander à emporter. Cela évite de prendre nos gamelles. Mais on hâte de pouvoir manger sur place. Il manque une ambiance. Le repas cela doit se faire à tête reposée et non pas dans un camion à la va-vite ». Il ne reste plus maintenant qu’à attendre, un mot qui semble bien coutumier depuis maintenant plusieurs mois…
Nathan Bricout
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