Depuis quelques semaines, la lutte contre la précarité connait un grand succès. Renforcés par la crise du covid-19, les élans de solidarité se multiplient. Pourtant, hier après-midi, la manifestation organisée en ce sens a connu un succès plus que timide.

A l’initiative de plusieurs citoyens, une collecte de denrées alimentaires et une manifestation se sont tenues, hier après-midi, à Lille. Dans une agglomération où la précarité est importante ( environ 3000 SDF ) , cette démarche est à saluer.

Des maraudes interdites

Prévues à 13h, les maraudes ont dû être annulées. La faute à un arrêté préfectoral publié vendredi. Ce dernier interdit la tenue de maraudes place de la République. Seules l’information et la récupération de denrées alimentaires sont donc autorisées. Un premier coup dur pour l’organisation. Adrien Quatenens, député LFI de la première circonscription du Nord, est tout de même venu rendre visite aux bénévoles. Il a notamment pris le soin de discuter avec les personnes précaires présentes. L’élu insoumis a ainsi pu récupérer des denrées alimentaires pour les redistribuer dans les résidences étudiantes. Pour l’organisatrice, Monique Talon Coquillat, cette collecte est une réussite : «  On a réussi à récolter quatre sacs de dons. Ils vont être reversés à des associations qui viennent en aide aux personnes en situation de précarité. »

 » On veut vivre et non pas survivre  »

Pour ce qui est de la manifestation, le bilan est moins glorieux. Selon Monique Talon Coquillat, environ 80 personnes y ont pris part. Contrairement à ce qui était voulu et espéré, peu d’étudiants ont fait le déplacement. Parmi les protagonistes, on retrouve plutôt une majorité de Gilets Jaunes. C’est le cas de Dominique. Bonnet jaune vissé sur la tête et gilet de la même couleur sur le dos, elle ne passe pas inaperçue. Déterminée, elle nous montre ses pancartes, spécialement conçues pour l’occasion. Sur ces dernières, on peut lire des slogans qui alternent entre humour « Rends nous l’Art Jean!  » et gravité « Régression des acquis sociaux. » Membre du mouvement depuis longtemps, elle a tenue à être présente.  » On en a marre de voir des SDF dehors, on en a marre des taxes. Vivre avec un SMIC, c’est super compliqué. » Elle résume, elle-même, la pensé de ses camarades : « On veut vivre et non pas survivre. »

A ses côtés, on retrouve Joelle. Elle aussi est gilet jaune et milite pour une meilleure répartition des richesses  » On en a marre de ces grosses entreprises qui touchent l’argent du CICE et licencient en masse. Elles jettent de nombreuses personnes dans la précarité. » C’est donc un cortège peu nombreux mais motivé qui s’élance à 14h30 .

Peu avant 16h, après une heure trente de marche dans les rues de Lille, les manifestants sont de retour Place de la République. La mobilisation se termine comme elle avait commencé : sans bruit.

Antoine Tailly