Derrière les portes de l’opéra de Lille, closes depuis quatre mois, les arts du spectacle continuent pourtant à vivre, en attendant le retour du public.
C’est tout le secteur de la culture que la pandémie a mis à mal. À Lille, l’opéra n’accueille plus de public depuis quatre mois. Le parterre et les balcons restent désespérément vides. Et pourtant, l’opéra n’est pas mort.
Dans le bâtiment, en apparence à l’arrêt, tout le personnel, des chanteurs aux agents d’entretien, sont toujours présents. Ils s’attellent à continuer à faire vivre l’opéra à huis clos, en créant des spectacles présentés à quelques professionnels (journalistes et programmateurs) et parfois filmés et diffusés. Ce sera le cas du prochain opéra, Pelléas et Mélisandre, présenté les 20 et 22 mars prochains. Il sera d’ailleurs disponible gratuitement en ligne à partir d’avril, sur la plateforme OperaVision.
Ne pas « condamner » les œuvres
« Au départ, avec la fermeture en mars, on annulait progressivement les représentations ou on les reportait », relate Cyril Seassau, secrétaire général de l’opéra. « Mais comme la programmation est préparée 3 ans à l’avance, on ne pouvait pas tout reporter indéfiniment, sinon on aurait tout accumulé à la réouverture. »
L’opéra a donc décidé de continuer à créer et monter des spectacles et les présenter à quelques professionnels. « Cela nous permet de les faire connaître pour les présenter plus tard, lorsqu’on pourra accueillir de nouveau des spectateurs. On veut vraiment tenir notre mission de création. Même si le public ne peut pas encore voir nos œuvres, il ne faut pas les condamner ! », insiste Cyril Seassau.
Chanteurs, musiciens, chefs d’orchestre continuent leurs répétitions. Mais l’absence des tonnerres d’applaudissements et les masques cachant leurs visages rappellent constamment la difficile situation des arts du spectacle vivant.
Crédit photo 1 Frédéric Iovino
Une nouvelle mise en scène
Les chanteurs et musiciens jouant dans des spectacles montés par l’opéra sont testés à la Covid-19 régulièrement. Ils peuvent ainsi continuer à travailler, mais avec le masque et la distanciation sociale. Cela implique une nouvelle organisation, notamment scénique : les musiciens jouent par exemple sur scène et non pas dans le parterre, où ils auraient été trop à l’étroit.
En revanche, aucun danseur n’a foulé la scène de l’opéra depuis mars 2020, car aucune création n’impliquait de la danse cette saison. « Et ça aurait aussi été impossible à organiser », reconnaît Mathilde Bivort, chargée de l’information et des médias de l’opéra.
« Le spectacle vivant doit rester vivant »
C’est tout un monde, dans l’attente des jours meilleurs, qui tient bon et espère revoir bientôt son public. Même si l’opéra de Lille a notamment été proposé par Martine Aubry pour tester un nouveau dispositif sanitaire qui permettrait la reprise du secteur, les employés restent sceptiques à l’idée d’une réouverture prochaine. « Mais on ne peut pas perdre cet espoir-là », sourit Cyril Seassau. « Notre raison d’être, c’est d’accueillir du public. Qu’est-ce qu’une société dans laquelle on crée des œuvres qui ne peuvent pas être partagées ? On se résout aujourd’hui à filmer et diffuser Pelléas et Mélisandre, mais le spectacle vivant doit rester vivant. Il faut qu’on retrouve notre public. »

Clémentine Laurent
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