Syrie : les dix ans d’une guerre sans fin

Voila dix ans maintenant que la guerre détruit la Syrie. Le conflit a fait plus de 380 000 morts, un bilan humanitaire catastrophique. Le peuple dévasté peine à imaginer l’avenir du pays. La scène internationale elle, veut agir.

Baghoz, eastern Deir-ez-Zor, January 2019. Children and families huddle together after being forced to flee their homes in nearby towns and villages, before they embark on a long and ardous journey to safety at Al-Hol camp, almost 300km to the north. ©Delil Souleiman

Le 15 mars 2011, le grondement de la révolution retentissait pour la première fois dans les faubourgs de Damas. Depuis une décennie, le rêve de liberté du printemps a été balayé par une guerre atroce et meurtrière. La Syrie de Bachar al-Assad est en ruine, son peuple a terre et la paix lointaine.

La survie du peuple

La guerre civile affecte durement la population et ne cesse de la meurtrir. Le 14 mars 2021, un nouveau bilan tombe : la guerre en Syrie a tué au moins 388 652 personnes selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). La moitié de la population a été poussée à l’exode. Au moins 1,5 million de syriens ont trouvé refuge dans la région d’Idlib, dernier bastion des rebelles. Mais dans ces camps, ils vivent dans des conditions désastreuses et alarmantes.

13 mars 2018, un homme syrien blessé attend un traitement dans une clinique de fortune au cours des bombardements du gouvernement syrien sur Zamalka, dans l’enclave rebelle de l’est de Ghouta à la périphérie de Damas. — AMER ALMOHIBANY/AFP

C’est aussi une jeunesse entière qui est sacrifiée par la guerre. En Syrie, près d’un jeune sur deux (47%) déclare avoir perdu un parent ou un ami proche. Un jeune sur six (16%) a perdu l’un de ses parents ou les deux, ou ceux-ci ont été gravement blessés. Dans le fracas des armes, terminer sa scolarité, fonder une famille et trouver un travail sont des missions quasi impossibles.

Un avenir noir

L’avenir est d’autant plus sombre qu’aucune solution ne se profile. En avril-mai, une nouvelle élection présidentielle doit se tenir, et Bachar al-Assad compte briguer un quatrième mandat de sept ans à la tête de l’Etat. Les États-Unis ont appelé lundi « la communauté internationale à ne pas se laisser berner par l’élection présidentielle à venir en Syrie », lors d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU où aucune nouvelle initiative n’a été avancée pour relancer un processus de résolution politique. « Ces élections ne seront ni libres ni équitables. Elles ne légitimeront pas le régime d’Assad » martèle l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.

Faute d’avancée sur le terrain politique, la France s’efforce de maintenir une action humanitaire pour aider la population. Ce lundi, Emmanuel Macron a de nouveau plaidé pour « une solution politique, la seule possible », dans un conflit resté jusqu’ici sans issue. Dans leur communiqué commun, les États-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont déclaré que « nous ne pouvons pas laisser cette tragédie durer une autre décennie ». Mais la scène internationale semble jusqu’ici impuissante face à la situation. Pourtant, les syriens gardent l’espoir de voir un jour leur pays se reconstruire.

Cidjy Pierre