Christine Ockrent, la première femme ayant présenté le journal télévisé en France

Journaliste depuis 1967, Christine Ockrent n’a cessé de gravir les échelons en passant de simple correspondante locale à directrice générale de l’AEF (Audiovisuel extérieur de la France). Sa carrière professionnelle a été notamment marquée par son arrivée à Antenne 2 en tant que présentatrice du Journal de 20 heures. Un première dans l’histoire du journalisme car jusqu’à présent, ce poste n’était réservé qu’aux hommes. 

En 1965, Christine Ockrent se lance dans des études politiques à Paris avant d’entrer à l’université de Cambridge. À partir de 1968, elle obtient son premier stage à 60 minutes, (un magazine d’informations américain produit par CBS News) en tant que réalisatrice et journaliste. Après y avoir travaillé un an, la jeune femme quitte le magazine pour celui de FR3, intitulé Vendredi et pour l’émission d’ABC News, le 20/20. 

Une interview qui fait polémique 

En 1979, Christine Ockrent obtient le droit d’interviewer en exclusivité l’ancien premier ministre iranien, Amir Abbas Hoveida dans sa cellule. L’atmosphère est silencieuse et l’homme ne semble ni révolté ni même soucieux de son sort. Pour rappel, à partir de 1979, l’Iran devient une république islamique dans laquelle Allah est reconnu comme le dieu tout puissant. Sous l’emprise des révolutionnaires, l’État impérial disparaît. Le Premier ministre est transféré à la prison de Qasr à Téhéran où il y restera six mois et destitué de sa fonction. Dix-sept accusations l’accablent comme par exemple, « propager la corruption sur terre », « combattre Dieu, les créatures de Dieu et le Vice-Roi de l’imam Zaman » ou « avoir confisqué les ressources souterraines (pétrole, cuivre et uranium) au profit des étrangers ».

Abbas Hoveida

 Malgré la situation délicate, Christine Ockrent n’hésite pas à poser ses questions au détenu sur un ton franc et incisif mais Amir Hoveida, abasourdi répond : « Voyez vous-mêmes dans quelles conditions je suis. Ce n’est pas la peine de me poser des questions ». La journaliste va encore plus loin en lui demandant : « Quand vous étiez premier ministre, vous saviez combien de prisonniers politiques vous aviez dans vos prisons ? Est-ce que vous saviez quelles tortures on y infligeait ? ». À partir de ce moment précis, l’interview a vivement été critiquée par les téléspectateurs et le journaliste Max Clos écrit dans un de ses articles pour le Figaro que l’interview consistait à « affoler un homme, à la transformer en animal traqué, à le persécuter devant ses tortionnaires ». 

Une ascension fulgurante 

Le scandale avec Amir Hoveida n’a pas empêché la journaliste d’accéder à la présentation du journal de 8 heures sur Europe 1. L’année 1981 marque quant à elle, un tournant décisif dans l’histoire du journalisme. À cette époque, le président d’Antenne 2, Pierre Desgraupes choisit Christine Ockrent pour présenter le Journal de 20 heures. La jeune femme accepte ce nouveau poste et le public ne tarde pas à la surnommer la « Reine Christine » étant la première femme en France à présenter de manière régulière un journal télévisé. Des femmes comme Marie-Laure Augry ou bien Hélène Vida vont suivre le même chemin. Par la suite, Christine Ockrent lance des émissions politiques sur France 3 comme France Europe Express, Dimanche Soir ou Soir 3. Ses ambitions l’emmènent jusqu’à la direction du magazine de l’Express de 1994 à 1996 et à la création d’une nouvelle émission politique, Duel sur la 3 où deux invités débattent sur l’actualité politique. 

Elle doit son savoir politique à ses études mais aussi aux cercles politiques qu’elle fréquente comme le groupe Bilderberg. Son parcours professionnel se conclue sur sa nomination au poste de directrice générale déléguée de l’Audiovisuel extérieur de la France (une société nationale qui supervise et qui coordonne les activités des radios et les télévisions publiques détenues par l’État français). Le public se souvient avant tout de Christine Ockrent comme la première femme à s’imposer dans le milieu audiovisuel et à se faire une place dans le monde médiatique. 

Fanny Kerloch