« Comment une femme peut apprendre à s’aimer si son propre corps est censuré ? »

Rencontre avec Halmava, femme et artiste photographe, qui aborde la question de la féminité au sein de notre société. Malheureusement, les réseaux sociaux et Instagram lui empêchent de partager son contenu. Un problème devenu récurrent qui empêche la liberté d’expression et l’émancipation de la femme.

Alizée Le Mellionnec (Halmava est son nom d’artiste) est photographe amateur. Amiénoise, elle passe son temps libre pour sa passion, la photographie. Son but ultime serait bien sûr que sa passion devienne son métier. Aujourd’hui, elle créé et publie ses œuvres sur son compte Instagram. C’est ainsi que l’aventure commence, et rêve de studios photo parisiens.

Des sujets militants

Racisme, sexisme, Halmava essaie de traiter des sujets d’actualités et de tout type de discrimination. « Je suis une féministe depuis toujours ; ce mouvement est partout, à la fois dans ma vie quotidienne, ma vie professionnelle et dans mon travail photographique « .

Ce qu’elle aime, c’est mettre en scène des personnages nettement sexués pour prouver que, sur le sujet de la féminité, elle peut exister, mais être belle indépendamment de la sexualisation des corps. « J’ai un rôle bienveillant avec mes modèles. Je les accompagne à une libération de leurs corps. Je les accompagne à apprécier leurs corps, qu’il soit nu ou habillé « .

Halmava questionne notre rapport à la sexualisation des corps féminins dans notre société. Instagram : @halmava

Le nu, un débat qui alimente les réseaux sociaux notamment. Mais pour l’artiste, cela apporte de la force à l’image.  » Ça amène aussi beaucoup de questionnement, le message est plus fort étant donné qu’il y a énormément de femmes qui doutent de leur féminité et de leur beauté« . Elle ne cherche pas à exposer le corps parfait, au contraire, réconforter les femmes dans l’idée que le corps est imparfait, et que ce n’est pas grave. « Il faut l’aimer ainsi. C’est un message plein de force et d’encouragement « .

Son projet le plus important ? Une série d’images contres les clichés dictés par la société patriarcale. « J’ai voulu apporter quelque chose de simple pour que tout le monde soit touché ». Mais toujours sur le ton de l’humour pour délivrer un message positif. Reprendre les codes de la photographie de mode, et délivrer d’autres messages pour que cela reste encore une fois esthétique, fort, puissant.  » L’esthétisme apporte de l’attractivité à mes photos ».

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Le corps de la femme sans aucun artifice. Instagram @halmava

Réseaux sociaux, outil de travail et de censure

Halmava publie son travail sur les réseaux sociaux, et notamment Instagram. Ses règles d’utilisation sont déterminantes pour la diffusion des contenus et des idées. Promotion de la nudité interdite, tout comme toute représentation de la sexualité, sans pour autant rentrer dans le vulgaire. Une politique que bon nombre d’artistes et même utilisateurs ne comprennent pas. « C’est complétement en désaccord avec les valeurs que j’essaie de partager. Comment une femme peut apprendre à s’aimer si son propre corps est censuré, alors que les hommes sont libres de publier ce qu’ils souhaitent sans que cela offense les bots d’Instagram. »

Instagram refuse la publication de seins féminins sur le réseau social.

Et sans ce problème de censure, ses photographies auraient beaucoup plus de succès et d’impact. « Je le sais bien, en septembre 202, mon compte principal a sauté et je n’ai aucun moyen de récupérer mes codes. Je n’ai aucune idée de pourquoi il a été bloqué, je n’ai pas plus d’informations de la part d’Instagram ».

Et sur son travail, Halmava se sent chanceuse. Elle n’a jamais reçu de menaces à cause de ses images. Mais comme tout travail, il y a une part de commentaires inadéquats. « Beaucoup de gens viennent aussi, non pas pour critiquer mon travail, mais plutôt critiquer le corps des modèles sur les photos. J’essaie de supprimer et bloquer ces messages haineux au maximum, mais c’est un travail long et fastidieux ». Autre commentaire : des accusations de plagiat. « Les gens ne comprennent pas pas la nuance entre « inspiration » et « copie » ».

Elle demande à Instagram d’agir, sur ce point, mais aussi sur la censure. « Le tri devrait se baser sur les lois et non sur des éléments techniques enregistrés au préalable. Il existe de multiples comptes pédopornographiques ou racistes qui continuent de subsister. Et nous, on fait juste ce qu’on aime tout en faisant du militantisme ».

Claire Boubert