Parmi les nombreuses frasques de Serge Gainsbourg, il en est une qui marqua durablement le paysage audiovisuel français. Celle du chanteur, brûlant en direct, sur TF1, un billet de 500 francs.
« Je sais bien que c’est illégal ce que je vais faire. C’est illégal, mais je vais le faire », Gainsbarre a encore frappé !

Source photo : Philippe Wojave / AFP
Le 11 mars 1984, sur le plateau de l’émission Sept sur sept diffusé sur TF1, Serge Gainsbourg brûle un billet de 500 francs en direct.
Au cours d’une discussion sur les impôts prélevés par l’Etat français, Gainsbourg s’insurge de ce qu’il qualifie d’un « racket de l’État ». Joignant la parole à l’acte, il sort de sa poche, un billet de 500 francs, attrape son zippo et l’enflamme. Là, devant les yeux de millions de téléspectateurs, une métaphore figurée, un geste symbolique fort, l’incarnation d’une provocation ultime. Le 11 mai 1984, il crée un grand moment de télévision.
« Moi je fais des trous dans des billets »
J’arrêterai à 74%. Il ne faut quand même pas déconner hein. Parce que ça ce n’est pas pour les pauvres ! C’est pour le nucléaire… ».
Un geste de contestation qui divise. Pour certains, c’est l’incarnation du flambeur qu’est Gainsbourg, au sens propre et figuré du terme. Pour d’autres, il est allé trop loin.
Pour le chanteur, peu importe : « Oh écoutez, c’est mon pognon, j’en ai rien à cirer ». En brûlant ce billet de 500 francs, beaucoup voient brûler une richesse qu’ils n’ont jamais connu.
Le poinçonneur des lilas les avaient pourtant prévenus, lorsqu’il monte sur scène pour la première fois :
Et dans ce bouquin y a écrit, que des gars se la coulent douce à Miami. Pendant ce temps que je fais le zouave, au fond de la cave. Paraît que y a pas de sot métier. Moi je fais des trous dans des billets ».
Ce geste est avant tout politique. Serge, né Lucien dans une famille juive connaît la misère. Pendant la Seconde guerre mondiale, lorsque son père, pianiste, perd son travail. Lorsqu’enfant, il passe la nuit, seul dans la forêt pour échapper à la Gestapo. Puis, lorsqu’il entre aux Beaux-Arts, débute une carrière d’artiste peintre, peu rémunératrice.
Sauf que Lucien Ginzburg, l’artiste peintre, « le gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas » est devenu Serge Gainsbourg. Une figure emblématique de la chanson française, aussi adulée que détestée, rongée par l’alcool et un spleen permanent.

Gainsbourg, l’éternel provocateur
Barbe jaunie par les gitanes, costume de dandy et taux d’alcoolémie souvent supérieur à la normale, l’artiste écume les plateaux télé, semblant toujours flirter avec le point de non-retour. L’épisode du billet brûlé ne sera pas le dernier de Serge.
En 1986, dans l’émission Champs-Elysées de Michel Drucker, il lance le désormais célèbre « I want to fuck her » à l’icône Whitney Houston.
Puis le « Vous êtes une pute » à la chanteuse des Rita Mitsouko, Catherine Ringer, dans l’émission Mon Zénith à moi.
La liste des frasques de Serge Gainsbourg à la télévision est longue. Les spectateurs en redemandaient. Il le savait.
Si bien qu’après avoir mis le feu au billet, il regarde son attaché de presse et dit :
Petit gars, je les ai bien eus ».
Cécilia Leriche
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