La revue est créée en mars 1937 par Jean Prouvost et Marcelle Auclair. Cette dernière, souhaite déployer et agrandir le concept de la mode ainsi que de la beauté en France. La presse féminine se renouvelle.
Des femmes souriantes apparaissent peu à peu sur la couverture du magazine et des écrivaines comme Colette, rédigent des éditoriaux. Des romans-feuilletons et des rubriques « pratiques » font eux aussi leur apparition. Après la défaite du pays en 1940, le mensuel est suspendu, mais Philippe Boegner en prend la direction et fait paraître Marie-Claire en zone libre pour continuer à diffuser les numéros. Jean Prouvost qui finance le projet, relance le magazine. Il passe sous la direction de Marcel Haedrich pendant dix ans qui décide de lui donner un style plus épuré tout en respectant la ligne éditoriale de Jean Prouvost. Le périodique s’adresse à un lectorat « jolie, coquette, mariée, vingt-cinq ans, deux enfants » d’après les propos de Jean Prouvost. Le premier numéro d’après-guerre est un véritable succès avec un demi-million d’exemplaires vendus.

La mode est encore très présente et la littérature se fait petit à petit une place dans la revue avec des textes de Louise de Vilmorin, issus du recueil Objets-chimères. La femme s’émancipe au fur et à mesure au sein de la société par la mise en place du prêt-à-porter et du mouvement Youthquake (un mouvement culturel des années 1960 qui s’appuie sur la culture des jeunes pour fabriquer des vêtements). Le magazine s’internationalise avec Évelyne Prouvost (petite-fille de Jean Prouvost) qui accorde à ses contenus une certaine diversité par le tourisme, le cinéma, la musique, le cosmétique et par des conseils sur la vie de couple ou pour être en forme. Elle attribue également à Marie-Claire, l’horoscope.
Différentes représentations de la femme selon les époque
Pour pouvoir continuer à publier et à exister, Marie-Claire suit l’évolution de la femme à travers le temps. Son image se modernise, ses idées et ses valeurs changent. En 1937, une nouvelle industrie arrive en France : la production de cosmétiques. Se maquiller s’impose comme un critère de beauté et conditionne les femmes. Elles deviennent alors de plus en plus coquettes et apprêtées. En 1954, la représentation féminine se modifie et dépeint la femme comme la maîtresse de maison. Elles apprennent à s’occuper du foyer et contribuent à l’éducation de leurs enfants, des compétences qui vont leur permettre d’acquérir une certaine autonomie et être à la tête d’actions sociales pour défendre leurs droits. Dans le même temps, l’industrie se développe dans le pays avec l’apparition des appareils électroménagers. Les femmes pourront se les approprier avec l’arrivée du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et des crédits à la consommation.
À partir de 1968, elles parviennent à s’émanciper des cadres qu’on lui impose sur la sexualité, le mariage, le travail ou bien le corps. Des illustrations de corps nus sont visibles, accompagnées de textes révolutionnaires. L’équipe de rédaction du journal a voulu leur donner la possibilité de s’informer car les hommes sont considérés comme les seuls consommateurs d’informations. Le magazine les a beaucoup médiatisés et les a définis en tant que mères, maîtresses de maison et séductrices. Trois facettes qui leur donnent une place plus importante au sein de leur couple, de leur foyer et de la société. Au départ, Marie-Claire les a réduites à des épouses et à des ménagères, mais par la suite, la revue a joué un rôle essentiel dans leur libération sexuelle et dans l’affirmation de leur identité.
Fanny Kerloch
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