Innovation, projets, Covid-19… le « Quai des Bananes » s’adapte

Il y a un an, le 2 avril 2019, Rémy et Vithaya, les deux patrons du bar à cocktails, le Quai des Bananes, situé rue Royale à Lille, ont fait le choix de continuer leur activité en proposant la vente à emporter. Un an après, ils font le point sur la situation.

« Un soir, on a eu une livraison de 60 cocktails », détaille Rémy, l’un des deux patrons du bar. Dès le premier confinement en mars dernier, et maintenant depuis chaque confinement, le Quai des Bananes a décidé de vendre ses cocktails en livraison via les plateformes Uber Eats ou Deliveroo.

Ce n’est pourtant pas un véritable changement pour le bar qui depuis maintenant 4 ans propose la livraison sur Uber Eats, et depuis deux ans sur Deliveroo. Aujourd’hui devenu leader des bars à cocktails sur les deux plateformes, le Quai des Bananes a été le premier à s’aventurer dans le marché des livraisons.

Rémy attend les commandes. © Noémie Loiselle

À 17h, dans le quartier du Vieux-Lille, tous les jeudis, vendredis et samedis le bar laisse sa porte entre ouverte pour accueillir les coursiers. Le regard tourné vers la porte, Rémy attend que cette fameuse sonnerie, celle de sa tablette, lui indique qu’un client vient de commander. Rémy et Vithaya, les deux patrons optimistes ne voulaient absolument pas rester chez eux et broyer du noir.

« Après avoir fait tous les travaux possible chez-soi, regarder des séries Netflix, on a vite fait le tour. On avait envie de travailler ! »

Remplis d’ambitions

Il y a sept ans, les deux jeunes étudiants se lancent dans l’aventure. Diplômé d’un BTS, Rémy découvre le Quai des Bananes lorsqu’il y travaille en tant que serveur à Tournai. Un lieu qui a su charmer les deux amis qui ont d’abord ouvert une franchise sur Lille en 2014 avant de racheter la marque en 2017. Aujourd’hui, plein de projets en tête, les patrons ambitionnent d’avoir un deuxième établissement sur Lille et prennent le contre-pied des autres barmans. Le Covid-19 ? Ils décident d’en tirer avantage et d’innover.

« On a profité de ce confinement pour se développer et revenir plus fort. Il ne faut jamais rester sur nos acquis. »

Banquettes, peinture, plafond, parquet, tout est passé sous les mains des patrons. Ils ont également élargi leur réseau en rejoignant la plateforme DOOD et il y a un mois, the-ring.io, une application de click and collect en pleine expansion depuis novembre dernier. Les patrons ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin, il y a trois semaines, ils ont ouvert à côté de leur bar, leur « banana kitchen » et embauché pour l’occasion un chef cuisinier, une première puisqu’avant le bar ne proposait pas des planches chaudes.

« L’État nous aide »

Il y a de cela un an, les deux gérants avaient repris du service derrière leur comptoir, un choix pour sauver leur activité et survivre. Les sept autres employés sont restés au chômage partiel, seul Filou, le chien de Rémy est resté à leurs côtés pour surveiller la porte d’entrée.

Un an après la crise sanitaire, le Quai des Bananes, à contre-courant des autres bars, est reconnaissant des aides financières mises en place par l’État.

« Jamais je ne dirais comme les autres que l’État nous aide pas. C’est faux. »

D’après Vithaya, le Quai des Bananes a pu bénéficier du fonds de solidarité garanti par l’État, à hauteur de 10.000 euros par mois, la somme maximale qui permet de couvrir les charges de l’entreprise (loyer, factures d’eau et d’électricité, assurance…). Mais « on ne perd pas d’argent, on n’en gagne pas non plus », explique Vithaya, la livraison ne représente seulement que 10% de leur chiffre d’affaires. Tout comme les autres gérants, le Quai des Bananes restent dans le flou.

« L’État nous promet monts et merveilles. On a aucune deadline annoncée, on ne sait jamais quand on va pouvoir rouvrir. On navigue encore partout. »

Malgré la continuité de leur activité, les doutes sont toujours présents. « Les clients seront-ils toujours au rendez-vous ? Les employés vont-ils perdre la main ? Le click and collect est-il juste un effet de mode ?… », se demande Vithaya. Tant de questions qui restent aujourd’hui en suspens.

Noémie Loiselle