La particularité de Canal+ a longtemps été d’être la seule chaîne cryptée en France. Du système de cryptage qui a eu différentes variantes, jusqu’à celles utilisées par Canal+, revenons sur le cryptage en règle générale, avant de nous intéresser au cas de Canal+.
Les chaînes de télévision ont besoin d’abonnés dès lors qu’elles souhaitent être payantes. Les premières chaînes câblées n’avaient pas de cryptage, et dès lors, le piratage était aisé, faisant baisser logiquement les revenus malgré une plus forte audience.
Pour contrecarrer cette faille, les chaînes payantes étant peu nombreuses, elles ajoutèrent un filtre basé sur le canal de transmission, afin d’altérer la réception des informations pour ceux ne possédant pas l’abonnement nécessaire. Par ce biais, payer un abonnement faisait retirer les filtres de l’écran. Toutefois, une limite va vite contraindre les chaînes payantes à mettre un terme à cette méthode. Ce marché va voir progressivement de nombreuses chaines arriver. Un nouveau moyen doit donc être trouvé pour permettre de satisfaire les fournisseurs.
On va commencer à ajouter un signal brouilleur sur la vidéo et l’audio, spécifique à chaque société de diffusion et vendant son abonnement. Ainsi, chaque acteur de ce secteur va pouvoir plus tranquillement se défaire des autres chaînes payantes, alors que le filtre d’un concurrent pouvait auparavant être proche du sien. L’usage d’un décodeur est donc une nouvelle contrainte pour les chaînes et les utilisateurs. Ce dernier devient toutefois une norme pour avoir des chaînes payantes, et les techniques de brouillages vont aller en se complexifiant. On ira jusqu’à une méthode précise : au moment où le brouilleur s’enclenche, la vidéo se stoppe en une courte séquence qui va se répéter, alors qu’une grande ligne va être décalée au milieu de l’écran.
Le cryptage va être utilisé pour protéger les flux envoyés par satellite. Ce moyen devient une bonne alternative et toutes les chaînes payantes prennent le pas. Cette solution devient moins coûteuse face à des câbles d’alimentation qui devenaient très chers.
Canal+ et ses premières méthodes de cryptages
Revenons en arrière, le 4 Novembre 1984 est lancé Canal+ : c’est la première chaîne payante à arriver en France. Elle se vend à ses débuts sur sa fonctionnalité de cryptée infaillible. La méthode de cryptage en question fut le RITC Discret 1 (Discret 11 pour Canal+). Il était basé sur un décalage temporel de trois lignes vidéos, appliquées horizontalement. De manière aléatoire, chaque partie avait un décalage de 0 nanosecondes (ns), 902 ns ou bien 1804 ns. Le tout était complété d’un brouillage audio total. Cette communication de la chaîne fut brève puisque le mois suivant, le magazine Radio Plans révéla un design pour pouvoir décoder gratuitement Canal+.
Face à cet échec de communication, il faudra attendre 8 ans avant que Canal+ change sa méthode de cryptage. En 1992, la chaîne payante emploie un nouveau système : le cryptage Nagravision. Il mélange cette fois 32 lignes inférieures du signal TV PAL, et ces dernières sont décalées dans la temporalité du champ vidéo, avant d’être permutées sous un algorithme qui les dispose aléatoirement. Ce nouveau système utilise donc le même procédé que le RITC Discret 1, mais le complexifie considérablement. Pour déchiffrer les données, il faut donc un microcontrôleur de sécurité à puce, mis en place par le biais d’un boîtier. La chaîne stoppera le cryptage par RITC Discret 1 en 1995, rendant indispensable le boitier Nagravision ainsi qu’une puce valide.
Dans les années 1990, la norme des composants analogiques multiplexés pour la transmission par satellite est la D2-MAC. C’est principalement ce qu’utiliseront les abonnés par câble pour Canal+. Pour les systèmes analogiques terrestres, Canal+ utilise entre 1995 et 2011 Syster.
La simplicité du satellite
Avec la méthode de cryptage Mediaguard, lancée en même temps que le satellite Canal Satellite le 27 Avril 1996, Canal+ émet directement vers les boitiers et puces l’ensemble des données depuis son satellite. Mais des pirates informatiques vont déchiffrer les données et en 2002, Canal+ devra faire changer ses puces. Ce système fonctionnera jusqu’en 2011, date à laquelle la diffusion par télévision analogique cessera.
Aujourd’hui, Canal+ gère son cryptage numériquement. Mais pendant une trentaine d’années, les méthodes de cryptages furent nombreuses pour la chaîne, entre la lutte contre les piratages et la nécessité de se mettre à jour face à une concurrence qui était de plus en plus présente.
Nicolas Pelouas
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