Le football et la télévision : je t’aime, moi non plus

Le football et la télévision sont comme pieds et mains liés en France. L’un est né en 1919, l’autre en 1945, et c’est en 1952 qu’ils se sont rencontrés pour la première fois. Pour autant, cette relation était au début extraordinaire et les tensions présentes. Retour sur les premiers matchs de football retransmis sur les écrans des Français et le début d’une relation tumultueuse.

Le 4 mai 1952 signe le début d’une entente entre le football et la télévision française. C’est un match de Coupe de France qui est pour la première fois diffusé en direct. Les supporters du ballon rond ne pouvaient rêver meilleure affiche. Quoi de mieux qu’une finale entre l’OGC Nice et Bordeaux pour lancer le football sur écran carré. Le club niçois champion de France en 1951 et sur le point de récupérer un deuxième titre consécutif face à une équipe bordelaise dauphine. Plus de 60 000 spectateurs profitent de la victoire niçoise en tribune, et cette fois, ils ne seront pas les seuls.

Des débuts timides

Mais en 1952, cette première rencontre diffusée sur petit écran n’a pas profité à de nombreux supporters. En octobre de la même année, c’est une affiche internationale qui est aussi diffusée : l’Equipe de France contre la RFA.  A cette date, seulement 20 à 40 000 postes de télé sont recensés en France. Un chiffre en énorme contraste avec ces voisins européens qui avaient atteints ces chiffres en 1939. C’est d’ailleurs l’Angleterre qui bénéficiera du premier match télévisé de l’histoire grâce à la BBC en 1937.

Et déjà des tensions naissantes

Mais revenons-en à la France, où à la suite de cette première année, les deux acolytes vont connaître des tensions. Le premier craint de voir ses stades se vider, et la seconde n’arrive pas à fidéliser son public avec les matches en différé. En 1955, le football disparaît complètement du petit écran en raison de désaccords financiers. Outre le fait de ne pas pouvoir diffuser les matchs, les reporters de JT sont même interdits d’entrer dans les stades. Il faudra attendre l’année 1958 et un évènement mondial du ballon rond pour le voir de retour sur petit écran. La Coupe du Monde 1958, c’est un évènement dont les téléspectateurs se souviendront. Un tournoi où le grand brésilien Pelé, alors âgé de 17 ans va se révéler et où il remportera sa première Coupe du Monde. C’est aussi une compétition où un Français va briller et laisser son empreinte. Just Fontaine réalise l’exploit de marquer 13 buts durant la compétition, un record jamais égalé jusqu’alors.

Un mariage effectif dans les années 70

Mais en dépit de ces débuts pour le moins prometteurs, ce n’est que vingt ans après, dans les années 1970, que le football roi va s’imposer sur les télévisions françaises. En 1974, l’ORTF est démantelée, laissant place à trois nouvelles chaînes : TF1, Antenne 2 et FR3. A elles trois, elles se disputent les droits TV, une rivalité brûlante où de nombreux recours en justice ont eu lieu. La relation football-télévision connaîtra son véritable essor lors de l’épopée internationale des Verts en 1976. La finale entre les Verts et les Munichois sera diffusé sur TF1 en noir et blanc et sera rediffusé en couleurs sur Antenne 2. Aucun organisme n’a été en mesure de dénombrer l’audience. Cependant, Philippe Gastal, le patron du musée des Verts, avance un chiffre de 30 millions de téléspectateurs.

Deux entités désormais inséparables

Vrai ou pas, en tout cas, cette finale va marquer les Français et va faire du football un véritable spectacle télévisuel. Des émissions dédiées au football vont vite fleurir le canal des chaînes françaises comme Téléfoot en 1977 sur TF1, ou encore Soir 3-Football en 1983 sur FR3. L’argent est aujourd’hui devenu un facteur déterminant entre les deux entités. Les recettes télévisuelles constituent la première source de revenus pour de nombreux clubs professionnels de l’Hexagone. La télévision et le football sont d’ailleurs devenus aujourd’hui inséparables, les spectateurs n’étant plus autorisé à se déplacer dans les stades. Le football est devenu le sport numéro 1 sur les postes de télévision.

Kévin Mézière