« Je ne suis pas une salope, je suis journaliste » : compliquée, la place de la femme dans les médias…

“Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste.” Ce 21 mars, l’ancienne journaliste sportive Marie Portolano a dénoncé dans son documentaire le sexisme présent dans les rédactions, et notamment dans le milieu du sport. Un témoignage qui tire la sonnette d’alarme vis à vis de la place de la femme dans les médias, d’autant plus depuis la crise sanitaire. 

Alors que Marie-Sophie Lacarrau a pris la tête du 13 heures de TF1, on pourrait croire que la situation des femmes dans les médias a progressé. Pourtant, la réalité est bien plus complexe. En mars 2019, l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) présentait une étude qui montrait que, sur la période 2010-2018, les hommes monopolisaient presque 70 % du temps de parole, contre seulement près de 30 % pour les femmes. 

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Caricature de MMTK sur le reportage de Marie Portolano, cf Mediapart

Un manque d’expertise ? 

Un chiffre éloquent qui s’expliquait notamment par un aspect : la plupart des “experts” invités en plateau sont des hommes. Mais pourquoi un tel constat ? Simplement car l’expertise nécessite une entière dévotion, or les femmes seraient moins aptes à cela à cause de leurs obligations maternelles. Outre cela, Public Sénat relève que “les femmes sont encore trop hésitantes à apparaître dans les médias”. Un manque d’assurance qui s’expliquerait par l’omniprésence de débats houleux sur les plateaux. 

Toutefois, en 2021, les espoirs sont permis. Une étude du Conseil Supérieur Audiovisuel, révélée en 2020, montre que pour l’année 2019 et pour la première fois depuis 2016, la place des femmes à l’antenne (télévision et radio confondues) dépasse 40 %; soit un bond de 10% par rapport à la période 2010-2018. 

Le coronavirus comme principal barrage 

Ces progrès, réels, se heurtent toutefois à une crise mondiale : l’épidémie de la covid-19. Alors que confinement et couvre-feu s’enchaînent, la visibilité des femmes dans les médias en pâtit. En effet, un rapport d’information « Femmes et médias audiovisuels : il suffira d’une crise… » des sénatrices Marta de Cidrac et Dominique Vérien, rendu le 9 juillet 2020, dresse un lourd constat : la crise sanitaire est à l’origine d’un nouveau recul de la représentation des femmes dans l’audiovisuel. 

Comment l’expliquer ? Et bien encore par le faible taux d’expertise des femmes dans certains domaines. Mais pas seulement. Selon le rapport d’information, les confinements ont révélé des difficultés internes d’organisation de l’antenne. Dans ce désordre, les rédactions feraient plus confiance aux journalistes et experts masculins. 

Un contexte compliqué mais qui tend à évoluer, les mouvements féministes et le récent documentaire de Marie Portolano mettant en lumière ces inégalités. 

Louis Bouchard