Les cas de contamination au Covid-19 dans les établissements scolaires se multiplient et le gouvernement a décidé de fermer les écoles à partir de ce vendredi 2 avril. Une source d’angoisse pour les parents.
Sa parole était attendue par les parents. Lors de son allocution, Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des établissements scolaires pour trois semaines, une décision qui pourrait faire basculer le quotidien des parents.
Avec son fils Clément, âgé de 14 ans et ses deux jumeaux Louis et Maxence de 9 ans, Lucas Thénard, père célibataire et divorcé est déjà dans l’angoisse. Jongler entre obligations professionnelles et parentales relève d’un vrai casse-tête.
Le mauvais souvenir du premier confinement
Une semaine sur deux, Lucas, vice-président de la Faculté des lettres et sciences humaines et professeur à l’Université catholique de Lille, ne peut compter que sur lui-même pour occuper ses enfants. Ce scénario de fermeture des écoles dans les jours à venir lui rappelle les « galères » du premier confinement.
« J’ai une vraie appréhension. C’était une charge mentale très pesante de gérer trois garçons, leur enfermement suite au confinement et assurer en même temps mes activités professionnelles diverses et variées »
Tout doit être repensé, « tout doit être recomposé en permanence. Chaque jour, c’est une nouvelle routine, de nouvelles habitudes qu’on doit mettre en place ». Si la cantine est fermée, les parents doivent prévoir de quoi cuisiner et faire des courses plus importantes.
David Pauwels, père d’un fils de 3 ans et d’une petite fille d’1 an, professeur et photographe indépendant, redoute lui aussi la fermeture des écoles qui risque de modifier brutalement son quotidien.
« Si mon épouse doit travailler dans la journée, je dois garder mes enfants et rester chez moi », explique le photographe. Beaucoup de parents se retrouvent à décaler leur charge de travail le soir, tard la nuit et même les week-ends, quitte « à ne plus avoir de temps et de repos pour soi-même », lâche Lucas.
Être parent, un combat de tous les jours
Alors les parents font comme ils peuvent, « le système D » comme le dit Lucas. Impossible, illusoire de réussir à tout faire seul, « au premier confinement, chaque enfant avait besoin de 5
heures par jour d’accompagnement scolaire » explique-t-il.
« D’un côté, Clément me demande le calcul de la vitesse de la lumière pour la physique chimie, de l’autre côté, Louis, la conjugaison au présent de l’indicatif du verbe aller. »
Une situation encore plus difficile lorsque les enfants sont plus jeunes. David raconte que l’une de ses amis, cadre à temps plein en télétravail, a installé un bureau de fortune à côté de sa chambre à coucher personnelle pour surveiller son enfant.
Tous les relais habituels sont perturbés et exclus, les garderies sont parfois fermées, et rend parfois impossible de laisser des enfants sur des journées complètes. Les grands-parents, eux aussi, ne peuvent plus voir leurs petits-enfants pour se protéger du Covid-19. Si le troisième confinement devient plus strict, il risque de se produire « une frustration, une usure psychologique au sein des familles », souffle Lucas.
Alors les parents redoublent d’efforts pour combler leurs enfants. Au premier confinement, à 17h, Lucas et ses fils sortaient le filet de badminton de plage et jouaient dans le parking privé de leur résidence.
Les nourrices en plan B
« Si les écoles ferment, j’appelle directement la nourrice de mes enfants », réagit David Pauwels. Son épouse, assistance sociale dans un hôpital de jour à Tourcoing, s’est arrangée avec son entreprise pour avoir un jour de congé le mercredi, les autres jours c’est leur nourrice qui s’occupe de leur petite fille Ludivine.
Seulement, si les écoles ferment, la situation risque bien de devenir « une gymnastique de l’esprit. On doit trouver un bon équilibre. Qui travaillera, qui restera à la maison ? ». Avec l’annonce de la fermeture des établissements scolaires, le couple peut compter sur leur nourrice mais nombreux sont les parents à avoir besoin de cette solution. Rien ne leur garantit que leur nourrice aura encore une place pour leur fils. Sur le plan légal, il est compliqué de changer le contrat de travail, la nourrice a un nombre fixé d’heures à l’avance, « on ne peut pas faire ça à la carte. On doit trouver un accord, elle ne pourra peut-être pas prendre notre fils, le jour où on l’on voudra. », détaille-t-il.
Rémunérées au SMIC, les nourrices représentent un coût financier considérable que tous ne peuvent pas se permettre. « Faire garder trois enfants sur des journées complètes, c’est un coût beaucoup trop élevé que je ne peux assumer », conclut Lucas Thénard.
Noémie Loiselle
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