À l’occasion des journées européennes du patrimoine, Lille a eu l’honneur d’accueillir cette année « le roi des trains, le train des rois », l’Orient-Express. Au programme : visite des wagons-lits et des wagons-restaurants, petites anecdotes sur le train et selfies avec des comédiens en costume d’époque.
Les enfants le montraient du doigt, des couples se prenaient en photo devant, le roi des trains a débarqué voie 10 à Lille Flandres. Composé de sept voiture, quatre d’entre elles sont classées au titre de Monuments Historiques. Et pour cause : son style rustique, ses dorures, ses fauteuils en velours… Les wagons, allant des cabines à l’espace restauration, datent tous de 1927 à 1929.

Chaque année, l’Orient-Express débarque dans une ville à l’occasion des journées du patrimoine. En 2018 il était à Paris, en 2019, à Lyon. En 2020, il devait arriver à Lille. À cause de la crise sanitaire, la visite est annulée puis repoussée en 2021.
Le voici enfin à Lille pour une année bien particulière. « C’est l’année européenne du rail donc c’est pour ça qu’il y a énormément d’événements qui se passent en France mais également en Europe autour de la thématique du ferroviaire », nous explique Arthur Mettetal, historien et directeur du patrimoine pour l’Orient-Express.
« Le roi des trains, le train des rois »
Créé en 1883, il assurait la liaison Paris-Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Désormais propriété de la SNCF, il a été conçu par la CIWL (Compagnie internationale des wagons-lits). Son créateur, le Belge Georges Nagelmackers, en avait eu l’idée après un voyage forcé par ses parents aux États-Unis.
Il y découvre les sleeping-cars construits par l’industriel George Pullman et les luxueux aménagements des paquebots transatlantiques. Alors que les premiers sont critiqués par la clientèle, il lui vient une idée : associer le luxe des navires aux trains européens.
« Il a conçu ce train car il a constaté un manque sur le continent européen de matériels qui permettent de circuler sur de longues distances et de gagner du temps. C’est pour ça qu’il développe les voitures-lits et les voitures-restaurants pour traverser les frontières plus rapidement. »
Arthur Mettetal, directeur du patrimoine pour l’Orient-Express
En 1876, il crée la CIWL et lance le 10 octobre 1882 un premier aller-retour Paris Vienne de presque 28h dans un train de luxe baptisé « Train Éclair ». Le succès est tellement phénoménal que l’ingénieur belge veut le prolonger jusqu’à Constantinople, la capitale de l’Empire ottoman.
C’est ainsi que naît l’Orient-Express, le train donnant accès à l’Orient. Le 5 juin 1883, à 19h30, il démarre pour la première fois de la gare de Strasbourg à Paris (l’actuelle gare de l’Est).
Mais en 1977, il cesse son service quotidien, vaincu par sa faible vitesse comparée à ses concurrents (55 km/h vers la fin) et aux arrêts incessants dans les pays communistes alors que l’aviation de masse se développe de plus en plus.

Surnommé « le roi des trains, le train des rois », il a su néanmoins conquérir le cœur de tout ceux qui l’ont visité. Au début du XXe siècle, l’écrivaine, Agatha Christie, aime tellement l’ambiance du lieu qu’elle s’en inspire pour écrire son roman : Crime de l’Orient-Express en 1934.
L’histoire met en scène le détective, Hercule Poirot, enquêtant sur le meurtre d’un passager du train, alors bloqué en rase-campagne par la neige. D’autres auteurs s’en inspirent également : Guillaume Apollinaire, Henry Graham Greene, Edmond About…
Complet en deux heures
Les réservations étaient ouvertes dès le 3 septembre sur le site Affluence. En l’espace de deux heures, toutes les places étaient parties.
Floriane, 33 ans, hôtesse d’accueil pour l’Orient-Express, déclare ne pas être surprise par cet engouement. « Après la période Covid, les gens sont à l’affût du moindre événement culturel. Et un événement aussi historique que ça, de pouvoir visiter un train emblématique, iconique, cité dans le roman d’Agatha Christie, c’est évidemment quelque chose que les gens adorent et donc ça ne me surprend pas du tout que tout soit parti en deux heures. »
Des comédiens en costume d’époque
Pour l’occasion, une troupe de comédiens en costume d’époque déambulait dans la gare, attirant l’œil des voyageurs. « Le but c’est de faire rêver les gens et aussi d’illustrer comment se passaient les voyages à l’époque », déclare la jeune comédienne Natacha.
Avec ses amis, ils ont fabriqué les tenues inspirées du temps où l’Orient-Express était en circulation, fin du XIXe – début du XXe siècle.

Posant pour les visiteurs, ils voulaient également montrer l’envergure des robes, la place que cela pouvait prendre dans les canapés, comment s’asseyait les dames et les messieurs du XIXe et « leur permettre aussi de voyager à travers le temps grâce à nos costumes ».
Léa Comyn
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