Le 25 septembre, une manifestation au départ de la Grand-Place de Lille s’est déroulée pour protester contre le projet d’agrandissement et de modernisation de l’aéroport Lille-Lesquin. En quoi consiste le projet et pourquoi est il controversé ?

Ajout de plus de 40 000 m² de surface

Le projet prévoit le doublement de la surface du complexe, soit l’ajout de plus de 40 000m² de bâti comprenant l’ajout d’un plate-forme multimodale et de parkings supplémentaires. La question de l’agrandissement se pose pour répondre à la saturation déjà constatée en 2019. Les estimations de la société prévoient une croissance annuelle de voyageurs de 3%. Le trafic de passagers pourrait même doubler d’ici 2050. Du côté de la modernisation, c’est la façade de l’aéroport qui est concernée. Elle va être refaite pour correspondre aux attentes plus exigeantes des voyageurs internationaux et nationaux d’après le site de l’exploitant. Le complexe doit aussi être mis aux nouvelles normes de sécurité.

Mais si un appel à la manifestation a été lancé, c’est que le projet pose question. Pour la branche lilloise du réseau militant de l’Extinction Rebellion, ce projet se fonde sur une hausse du trafic insensé au regard des objectifs de réduction des émissions de CO². Des études scientifiques reprises notamment dans le dernier rapport du GIEC paru en août 2021 préconisent une réduction de moitié des voyages en avion pour se maintenir en dessous des objectifs de limitation de la hausse des températures de 2°C. D’autres problèmes écologiques se posent comme le risque de baisse de l’utilisation du train pour des voyages de courte ou moyenne distance si l’aéroport devient plus attractif. Cette hausse de l’activité que permettrait la modernisation engendrerait aussi une augmentation des nuisances sonores pour les riverains, baisserait la qualité de l’air sur la zone mitoyenne et met en danger la faune locale. L’agrandissement de l’aéroport artificialiserait des terres actuellement dédiées à l’agriculture. La bétonisation des terres agricoles a pourtant été reconnu par l’État lui-même comme étant très néfaste pour l’environnement mais la moratoire mis en place à la suite de la Convention Citoyenne pour le Climat se limite aux centres commerciaux.

« Il n’y aucune considération écologique des décideurs en fait« 

Se sont ces questions environnementales qui ont poussées près de 80 manifestants à partir de la Grand-Place de Lille pour rejoindre l’aéroport à vélo. Le moyen de transport particulièrement low-tech tranche volontairement avec ce projet de modernisation. Les enjeux écologiques sont dans toutes les têtes comme en témoigne Antoine, présent lors du défilé dont les propos ont été recueillis par La Voix du Nord: « La volonté d’agrandir l’aéroport est complètement en dehors du temps ! En termes de bruit, de pollution de l’air, des sols, de maintien de la biodiversité… Il n’y aucune considération écologique des décideurs en fait« .

Margaux Verdonckt