Le destin de la friche Saint-Sauveur est entre les mains de la justice depuis 3 ans et plusieurs recours déposés par deux associations à l’encontre du projet de construction. Suite à l’avis du rapporteur public, la situation devrait garder son manteau vert… pour le moment.
Des hectares de verdure en plein centre-ville de Lille. La citadelle ? Non, la friche Saint-Sauveur, beaucoup moins prisée par les coureurs mais au centre de l’attention depuis deux semaines. En cause, le procès qui oppose les associations PARC (Protection et Aménagement Réappropriation Collective de Saint-Sauveur) et ASPI (Association pour la Suppression des Pollutions Industrielles) à la mairie et à la métropole de Lille (MEL). Ces deux dernières proposent la construction de 2400 logements, de bureaux, d’un parc de 4 hectares et d’une piscine olympique sur ce lieu presque à l’abandon. Les associations, composées principalement d’habitants du quartier, ont dit non. Et elles sont sur le point de l’emporter.
Trois ans d’attente
Pour y parvenir, PARC et ASPI ont déposé plusieurs recours s’opposant au projet, gelé depuis 3 ans. Le rapporteur public a examiné le dossier et il a émis un avis favorable aux associations, estimant que les études d’impact de la MEL sur la gestion de l’eau et la pollution de l’air étaient insuffisantes. Devant le tribunal administratif où le dossier était examiné jeudi 23 septembre, les militants s’étaient rassemblés mais ne crient pas victoire pour autant. Même si les juges suivent l’avis du rapporteur dans plus de 90% des cas. « Il faut être confiant » assure Bénédicte Vidaillet, la co-présidente de PARC avant d’ajouter : « C’est une lutte entre deux mondes. Des élus dans un déni climatique et environnemental face à la société civile. Mais on est face à une armée d’experts alors que nous, on est bénévole. »

Lille, la ville la moins verte de France
Ces bénévoles réclament d’ailleurs 0 construction sur les 23 hectares de la friche. Bien qu’ils soient conscients du problème de logement, ils estiment que la ville est suffisamment polluée. Ville qui est d’ailleurs décrite comme la moins verte de France. Le député du Nord LFI Adrien Quatennens, présent lors de la manifestation, argue dans ce sens : « Il y a 8000 habitations vacantes à Lille. Ils veulent construire 2400 logements mais seulement 8% sont des logements sociaux. » Sur la friche, les habitants du quartier ont aménagé un jardin partagé grâce à une terre très fertile. Des migrants ont aussi élu domicile sous le pont du métro. Quant à la mairie et la MEL, elles n’ont pas souhaité répondre à nos questions avant la décision finale qui sera rendue d’ici 2 à 3 semaines. Martine Aubry assure qu’elles « vont répondre aux problèmes de procédure. »
Mathieu Alfonsi
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