L’essor de l’e-sport chez les amateurs: football 2.0 ?

L’e-sport ou sport électronique est un phénomène en pleine expansion depuis les années 1980. Si la discipline est en passe d’obtenir une reconnaissance officielle en France, cette pratique reste controversée et pose de nombreuses questions ; notamment en matière d’encadrement de ses amateurs.

Largement dominé par la professionnalisation de sa pratique, la place donnée aux amateurs d’e-sport reste aujourd’hui relativement faible alors qu’il représente 2 des 5 millions de consommateurs d’e-sport en France en 2018, dont plus de 931 000 sont des amateurs qui pratiquent en compétition (France Esports, Médiamétrie). Vivier pour l’avenir et la pérennité du milieu, l’enjeu véritable que représente l’amateurisme de l’e-sport tend à émerger de plus en plus chez les différents acteurs de cet écosystème encore fragile.

Enjeux et difficultés de l’e-sport amateur français

L’augmentation notoire de joueurs en ligne depuis la crise sanitaire pose aujourd’hui un véritable problème pour les différents acteurs de l’e-sport. Ce développement soudain des compétitions de jeux vidéo en réseau poussé par les confinements successifs est à la fois une manne pour les professionnels du milieu qui y voient le moyen de repérer des nouveaux talents, mais il est aussi un obstacle à l’e-sport en tant qu’il crée une nébuleuse dont il est difficile de se départir.

Le manque de cohésion entre les différents acteurs du privé et du public rend le développement de l’e-sport amateur laborieux car il manque une gouvernance et une structure forte. En France depuis quelques années, plus de 1000 associations dédiées à l’e-sport amateurs ont été créées.

Cette multiplication des associations tente aussi de répondre à un autre problème, celui de la reconnaissance encore faible de la part des pouvoirs publics de l’e-sport comme pratique sportive à part entière. Si certaines collectivités sont pionnières sur la question comme la ville de Poitiers qui s’engage depuis le début des années 2000 en faveur de la démocratisation de l’e-sport, cette réticence généralisée empêche les associations d’obtenir des subventions leur permettant de se développer et d’obtenir une réelle reconnaissance. Ce manque de crédit accordé à l’e-sport s’explique aussi en grande partie par les préjugés qui entourent la dimension électronique, la pratique solitaire et l’absence d’activité physique de la discipline.

Vers une reconnaissance de l’e-sport amateur ?

Plusieurs facteurs laissent à penser que les mentalités sont en passe de changer sur la question. D’abord le profil très varié des e-sportifs amateurs, dont 33% ont entre 35 et 49 ans contre 24% des 15-26 ans. De plus la crise sanitaire a mis en lumière la dimension sociale de la pratique avec la création de ligues inter-entreprises ou étudiantes, ayant pour but de renforcer le lien entre les joueurs. Enfin l’engouement énorme qu’engendrent les compétitions et les salons de gaming, réunissant des milliers de personnes, montre la force fédératrice de l’e-sport ; en témoigne l’emballement médiatique autour du mondial 2021 de League of Legends qui se déroule actuellement en Islande. Alors, l’e-sport, football 2.0 ?

Fleur Tirloy