Retour dans les salles de spectacle : entre chaleur et bonne humeur

Après plus d’un an sans pouvoir mettre les pieds dans une salle à cause de la crise sanitaire, il est réconfortant de se retrouver à côté de milliers de personnes pour partager le même moment. Le retour à la vie normal continue de faire surface.

Une longue file d’attende sur la place Sébastopol. Il n’était plus commun d’observer les gens s’impatienter devant un théâtre, un soir de semaine. La première traversée avant de passer entre les portes du bâtiment se fait sous la présentation du pass sanitaire, on commence à avoir l’habitude. Les spectateurs sont contents mais pas pressés, cherchent une place mais ne se bousculent pas. Le jeune Guillermo Guiz, star de la soirée attend dans sa loge que tout le monde prenne place. Il n’a fallu que quelques minutes avant le début du spectacle pour les gens commencent à applaudir, siffler et même crier. Des sons, une ambiance que l’on n’avait pas connue depuis longtemps mais si agréables à retrouver. La chaleur étouffante de 1300 personnes impatientes de passer une soirée à découvrir la nouvelle comédie de l’humoriste et chroniqueur à ses heures perdues sur France Inter. La lumière est tamisée, le rouge du plafond sonne une ambiance cabaret, sans doute pour introduire les blagues légèrement érotiques de Guillermo. Et ça ne manque pas. Après le silence de la foule, les applaudissements retentissent pendant plusieurs secondes et amènent l’artiste à se présenter sur scène.

Une touche d’humour à la Belge

Les premières blagues commencent et bien évidement, tout le monde rit. Le rire, le laissez aller des gens face à des vannes politiquement incorrectes, on n’aurait jamais imaginé pouvoir retrouver toutes ces sensations il y a un an. Et pourtant, ces deux heures de sketchs ont suspendu le temps pendant un instant. Aucune distanciation, la possibilité de manger, boire, parler et se toucher dans un endroit clos partagé avec des milliers de personnes, c’est ce qu’on appelle aujourd’hui la liberté. Et malgré ça, le Covid, Guillermo n’en parle pas. Il débarque sur la scène en sautillant et se promène avec son t-shirt gris à manche courte (on comprend vu la chaleur dans la salle), en jogging, totalement à son aise comme on pourrait se présenter un lendemain de soirée trop arrosée à un repas de famille. On le retrouve sans surprise dans un personnage libre et fougueux, racontant la vie pas très sérieuse d’un homme de 39 ans, sans enfant, sans femme et qui passe ses week-end à descendre de la vodka avec ses copains et à accumuler les coups d’un soir. Une vie sans limite qu’il a connue dès son plus jeune âge puisqu’il est élevé uniquement par son père en Belgique, un « athée fumeur et au chômage qui voulait révolutionner le monde », comme bien des hommes seuls rêvent de faire. Une éducation à sens unique qui lui apprend également la débrouillardise et la persévérance. Mais aussi des bêtises irréparables dévoilées à la fin du spectacle de Guillermo Guiz, comme celle du tatouage raté qui lui barre le biceps : «It’s all in the game», sur son bras, inspirée par une réplique du personnage d’Omar Little, gangster mythique de la série The Wire alors que la citation n’est pas la bonne.  On retrouve les émotions que provoquent la vie d’un humain sur mille autres, l’excitation du show, des railleries et du divertissement, sans oublier le travail d’un artiste qu’on adore et qu’on supportera également en octobre 2022.

Clémentine Marié