
Il y a un an, Ombeline, 25 ans, se lançait dans un projet un peu fou : récupérer des fruits abîmés, en faire des compotes avec des personnes porteuses de handicaps, puis les revendre. Nous l’avons rencontrée.
Dix heures, une matinée d’octobre ensoleillée bien entamée. Ombeline et Alice, sa coéquipière, ont vu le soleil se lever. Pour la deuxième fois, elles vendent sur le marché d’Armentières les compotes de “La cuisine de Jeannette”. C’est en travaillant aux côtés des maraîchers de la ferme du recueil que l’idée a germé.
Des compotes inclusives
“J’ai réalisé à 22 ans que je n’avais jamais échangé avec une personne porteuse de handicap”, commence Ombeline. Après une école de commerce, l’étudiante part en Inde, avec un sac à dos et quelques vêtements. “La vie allait trop vite. J’avais tout mais il manquait quelque chose. Je pense que c’était le temps, pour soi et pour les autres.” Le hasard l’a amenée à accompagner des personnes porteuses de handicaps à Calcutta. “J’ai eu peur au départ d’être maladroite, mais ces rencontres m’ont bouleversée. Ce sont des guides incroyables. J’ai appris à être plus authentique, à ne pas toujours être dans la performance et accepter que la vie ne soit pas parfaite.” En rentrant elle savait qu’elle voulait continuer de travailler avec ces personnes.
Depuis, Ombeline récupère un maximum de fruits abimés chez ses partenaires, les transforme avec les jeunes de l’IMpro (institut médico-professionnel accueil de jeunes porteurs de déficiences intellectuelles) à Fives, aux côtés de l’équipe de l’incubateur Baluchon (accompagnement d’entrepreneurs dans le secteur culinaire), puis les revend sur des marchés de la métropole européenne de Lille. “Le handicap est tabou, les gens ne se rencontrent pas,” déplore Ombeline. Avec les jeunes, on teste des recettes, on goûte, on valide ou non, ils se sentent valorisés, et le personnel qui fait un travail remarquable aussi.”

Agir localement
Prendre du recul, se rappeler de l’importance du temps, de rencontrer des gens et de s’émerveiller : si ce sont ses voyages qui l’ont poussée à agir, Ombeline revendique l’action locale. « On veut aller toujours plus loin pour rencontrer toujours plus de misère mais on ne veut pas la voir près de chez nous,” un retour aux sources pour cette fervente défenseuse du bien manger.
Si les périodes de doutes existent, les rencontres et les sourires qu’elle crée motivent davantage. “Je me dis que si moi je ne le fais pas alors que j’ai la chance de pouvoir me permettre de ne pas bien gagner ma vie au début, personne ne va le faire.”

Des projets sous le couvercle
Avec le temps, l’objectif est de vendre ses produits dans des magasins, puis d’ouvrir sa propre conserverie et de favoriser l’insertion des personnes porteuses de handicaps sur le marché du travail. Les nouvelles recettes mijotent elles-aussi. Coulis, confitures, compotes aux herbes aromatiques, ce n’est pas l’imagination qui manque. Dans quelques jours, La cuisine de Jeanette lance sa campagne de financement participatif sur ULULE, pouvoir faire évoluer le projet et de démarrer un partenariat de production avec l’ESAT d’Armentières, qui accompagne des personnes en situation de handicap mental.
Les marchés :
Le vendredi matin sur le marché d’Armentières de 8h00 à 13h00 et l’après-midi sur la place de Verlinghem, de 16h00 à 20h00.
Campagne de financement ULULE : https://fr.ulule.com/conserverie-lacuisinedejeannette/coming-soon/
Facebook : https://www.facebook.com/SuperJeannetteLille
Site web : www.lacuisinedejeannette.com
Instagram : https://www.instagram.com/superjeannette/
Hélène Decaestecker
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