Philippe Crétal, véritable chasseur de fantômes

Halloween est là, les citrouilles et les déguisements sont de sortie et le paranormal a la cote. Certains enquêtent même sur ces phénomènes inexplicables. Nous avons rencontré l’un d’eux, Philippe Crétal, auteur, conférencier et enquêteur, qui sillonne le Nord avec son association Lille Recherche Paranormale, créée en 2015.

Philippe Crétal a écrit un livre sur ces histoires étranges dans le Nord : « 13 histoires étranges dans le Nord Pas-de-Calais ». Crédit : LRP

Qu’est ce que le paranormal pour vous ?

« C’est tout phénomène qui ne peut trouver d’explication qu’elle soit physique, quantique, mathématique. Ce sont des phénomènes qui ne peuvent pas être expliqués par les lois de la physique connue. »

Le paranormal a toujours été une évidence pour vous ?

« En 1994, lors d’une séance de Ouija (spiritisme), l’un des participants a fait un black-out de 1h30 et a tenté de se défenestrer. Ça ne m’a pas fait peur, mais a titillé ma curiosité. J’ai commencé à lire pas mal de bouquins notamment sur la théologie, sur le domaine lié au paranormal, sur une vie après la mort… Au bout de quelques mois, j’ai découvert Outre-Manche et Outre-Atlantique qu’il existait ce corps d’investigation qu’est la recherche paranormale. J’ai décidé de me lancer en 1996-1997. »

Comment fonctionnez-vous avec votre association Lille Recherche Paranormale ?

« Les particuliers prennent contact avec nous pour avoir des réponses à des phénomènes qu’ils n’arrivent pas à expliquer. Ça peut être du petit dernier qui ne dort pas la nuit, à la maison qui craque, à une porte qui s’ouvre toute seule… On a aussi des enquêtes sur des sites bien spécifiques qui répondent à des légendes urbaines, des histoires … On avait par exemple pour projet d’aller dans une célèbre forêt dans la région où il y a eu de nombreuses femmes qui ont été brûlées pour sorcellerie. »

Sandie Crétal avec une caméra infrarouge. Crédit : LRP

Et les enquêtes se déroulent comment ?

« On a des caméras, des enregistreurs, des scanners à ondes radio permettant d’entendre des voix ou des MelMetres mesurant les modifications du champ électromagnétique. Dans 85% des cas, les phénomènes sont expliqués le jour même durant les premiers entretiens avec les familles. On en a 10% où l’on trouve une explication durant l’enquête et il reste 5% de phénomènes totalement inexpliqués, pour lesquels on trouve une réponse dans le surnaturel ou le paranormal. »

Est-ce que cela vous fait peur de croire à ces phénomènes ?

« Vous savez j’ai épluché les faits divers jusqu’en 1936 – année de naissance de mon père – et aucun ne fait mention d’un fantôme qui aurait tué quelqu’un. On est aussi troublé par l’imagerie populaire qu’a véhiculé le cinéma des années 70 avec l’Exorciste, The Shining et plus tard, la série des films Paranormal Activity, les Conjuring … »

Donc pour vous ça na pas de sens d’avoir peur ?

« Absolument pas et c’est ça qu’on cherche à faire comprendre aux gens justement. D’ailleurs, on ne parlera jamais de phénomènes paranormaux aux personnes qui nous accueillent parce que le mot paranormal fait peur. Le but est de les rassurer, quelque part il y a une démarche altruiste. Une fois qu’on assiste à des phénomènes qu’on ne peut pas expliquer, on doit aussi leur dire qu’il n’y a pas de quoi avoir peur, il ne faut pas y voir que du négatif. Ça peut être quelque chose de très bienveillant, un proche qui veille sur la famille… Et ça permet aux gens de relativiser. »

Philippe Crétal communiquant avec son équipe. Crédit : LRP

Que dites-vous aux personnes sceptiques ?

« Ma réponse est toujours la même. Je demande très souvent lors de mes conférences : « qui croit aux fantômes ? » En général, je dis aux sceptiques, je vous rassure je n’y crois pas non plus. Je reste encore aujourd’hui un grand sceptique quant aux phénomènes que l’on peut constater. Mais il reste que j’ai assisté à des phénomènes qui malheureusement ne peuvent pas trouver d’explication logique. »

Donc ce n’est pas frustrant de ne pas avoir de réponse quand vous allez sur place et qu’il ne se passe rien ?

« Ça arrive fréquemment. On se déplace très souvent pour strictement rien, mais ça ne fait pas grave ça fait partie du jeu et mes enquêteurs le savent. On y va alors pour se faire plaisir. »

Ça ne frustre pas les personnes qui font appel à vous aussi ?

« Si bien sûr, parce qu’avec l’avènement des Ghost Hunters (ndlr : « chasseurs de fantômes » en français), tout le monde veut son petit fantôme à la maison. On n’a parfois des gens qui sont agressifs quand on leur annonce qu’il n’y a rien. »

Stéphane, l’un des enquêteurs de l’association. Crédit : LRP


Pourriez-vous nous raconter une histoire emblématique sur laquelle vous avez enquêté dans le Nord ?

« C’est une histoire qui a eu lieu à La Bassée chez un couple. La femme, tout lui réussissait professionnellement, au niveau de la famille, de la santé. L’homme à l’inverse a eu de gros problèmes dans l’entreprise dont il était responsable. Il a du déposer le bilan, il a eu un pontage et il était en pleine dépression quand on l’a rencontré. Ce couple vivait des phénomènes, des disparitions d’objets, des bruits… Ce qu’il faut savoir que le monsieur qui vivait là, n’était pas le premier compagnon. Celui-ci a eu un accident dramatique. Il a voulu faire une soupe de poireaux, mais avait mis trop d’eau dans la cocotte-minute. En s’approchant pour voir pourquoi elle bougeait dans tous les sens, elle lui a explosé au visage. Il est mort sur le coup. »

Ce serait donc cette mort qui aurait déclenché des phénomènes ?

« Les phénomènes paranormaux sont souvent dus à une mort violente. On sentait une pression dans la maison. On entendait dans nos appareils la même voix d’homme qui insultait mes enquêteurs. On a aussi entendu un mot en allemand : diable. Le couple voulait vendre donc il a déménagé et on a fait appel à des prêtres exorcistes. »

Alors on y croit ou pas, mais il reste que le paranormal est un domaine qui fascine toujours autant. Que ce soit à Halloween ou non, on aimera toujours autant frissonner et chercher des réponses à ce que l’on ne comprend pas.

Margaux Chauvineau