Parmi les journaux clandestins de la Seconde Guerre mondiale, on retrouve celui né d’un mouvement de résistance. Le 1er avril 1941, La Voix du Nord est lancée. À sa direction, d’innombrables résistants du Nord-Pas-de-Calais.
Sous le mouvement résistant « Voix du Nord », des habitants du Nord-Pas-de-Calais se sont battus contre l’Occupation nazie de leur région. Ensemble, ils ont formé La Voix du Nord, un journal clandestin basé sur la résistance. Retour sur l’histoire particulière d’un des journaux les plus reconnus aujourd’hui en Hauts-de-France.
Voix du Nord : un mouvement
La Voix du Nord naît le 1er avril 1941 sous l’impulsion d’un mouvement de résistants. Le quotidien que l’on connaît aujourd’hui de manière papier et numérique est à l’origine d’une résistance créée dans le Nord alors que l’occupation nazie s’y installe. Le Nord-Pas-de-Calais est alors assimilé au territoire belge quand le IIIe Reich fonde l’Administration militaire de la Belgique et du Nord de la France. Le territoire est séparé en cinq parties dont la partie de Lille, siège de naissance du journal.
Et pendant que la France est à la fois en zone occupée et en zone libre, la population du Nord – alors séparée de la métropole – acquiert un véritable sentiment de patriotisme et craint l’annexion. Sous l’impulsion de Jules Noutour – policier et syndicaliste – et de Natalis Dumez – homme politique, le mouvement fonde le journal comme symbole lillois de résistance.

La Voix du Nord : un journal
Les « Voix du Nord » cherchent un support afin de partager et publier concrètement leurs volontés et contestations. C’est dans ce contexte que naît La Voix du Nord, quotidien créé par les premiers résistants français. Le journal publie soixante-cinq journaux entre 1941 et 1944, des numéros tous publiés clandestinement. Le contenu se veut optimiste afin de donner de l’espoir aux habitants de la région tout en s’opposant à l’Occupation et à la propagande communiquée à travers les autres journaux français pris en otage par l’armée allemande.
Dès ses premières publications, La Voix du Nord affirme ses origines. Des images en référence au Nord-Pas-de-Calais trônent fièrement sur les Unes : illustrations d’usines, de moulins-à-vent, de terres agricoles… Le journal devient la représentation de l’« organe de résistance de la Flandre française ». Le premier numéro publié affiche : « En France, aucune presse, aucune radio, aucun homme ne peut parler librement un langage français. Les seules voix françaises nous viennent par la radio de Londres, avec elles, nous sommes d’accord et nous pensons : on ne transige pas avec le devoir et avec l’honneur ; on ne pactise pas avec le mal ; on ne collabore pas avec l’ennemi ».

Engagés dans une lutte aux conséquences lourdes, plusieurs membres du mouvement sont arrêtés mais le réseau jamais démantelé. Les fondateurs ont été les premières victimes. Natalis Dumez est capturé et fait prisonnier en 1942 après l’écriture de plus de 400 articles pour les 39 premiers numéros. Quant à Jules Noutour, il est déporté et torturé avant de trouver la mort dans le camp de Gross-Rosen en février 1945, quelques mois avant la Libération.
La Voix libéré
Pendant presque quatre ans, La Voix du Nord a triomphé dans la publication de journaux clandestins. Jamais le quotidien n’a directement été impacté par l’Occupation. Seuls ses membres ont parfois payé pour avoir lutté. En hommage à eux, le journal est devenu d’autant plus engagé dans sa résistance. Le 5 septembre 1944, 24 heures après l’arrivée de l’armée anglaise sur le territoire français, le premier numéro de La Voix du Nord apparaît au grand public. S’il est le premier pour la France, il est le numéro 66 pour la région lilloise, toujours dans la continuité d’honorer la lutte. Sur six colonnes, un titre : « La région du Nord est libre ».

Aujourd’hui, La Voix du Nord est devenue la référence de l’information des Hauts-de-France. Depuis septembre 2000, ses lecteurs sont aussi des internautes après l’arrivée du quotidien sur Internet. Les journalistes sont maintenant plurimédias et le quotidien continue d’évoluer avec son temps. L’année 2020 signe la création de La Voix TV, la première web TV de la presse quotidienne régionale. Des années se sont écoulées, mais son passé de résistant de guerre est à ne jamais oublier.
Chloé GOMES
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