Le retour du nucléaire en France : bonne nouvelle ou cauchemar écologique ?

Emmanuel Macron, ce mardi 10 novembre, annonçait la reconduction de la production de réacteurs nucléaires. A contrecourant de la tendance récente, qui voyait la France se dénucléariser dans les années à venir, la nouvelle suscite des réactions contrastées.

« Pour la première fois depuis des décennies, nous allons relancer la production de réacteurs nucléaires ». C’est avec confiance que le président de la République a lâché cette « bombe ». Alors qu’on voyait le nucléaire au tapis, surpassé par la tendance des énergies renouvelables, le voilà relevé. Ce n’est pas sans surprise que les Français ont accueilli la nouvelle. Depuis de nombreuses années, et notamment depuis la catastrophe de Fukushima, partout entendions-nous que l’énergie nucléaire avait fait son temps : des réacteurs vieillissants, des centrales couteuses à entretenir, des déchets radioactifs difficiles à faire disparaître et tutti quanti. Tout indiquait donc une lente agonie des centrales françaises, dont 14 devaient fermer leurs portes d’ici 2035. 

Pourquoi cette renaissance ? 

Quelle folie a donc poussé Emmanuel Macron à faire cette annonce ? Lorsqu’on regarde les chiffres de plus près, on pourrait être tenté de répondre : un certain pragmatisme. Certes les énergies renouvelables sont en essor depuis quelques décennies, mais il est à noter qu’elles ne représentent que 3% de la production française, contre 75% pour l’énergie nucléaire. La consommation, quant à elle, ne fait que grimper, ce qui fait craindre au gouvernement la perte d’indépendance énergétique de la France.

Mais alors que la COP26 bat son plein et que les pressions écologiques se font persistantes sur les décisions du gouvernement, se soulève la question de la nature écologique du nucléaire. Roland Desbordes, le président de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, disait pour France Culture « Pour qu’une énergie soit verte, il faut qu’elle ait certaines vertus, c’est une énergie qui n’a pas d’impact sur l’environnement, qui n’épuise pas les ressources de la planète et qui ne comporte pas de risque pour la santé, les gens. Le nucléaire ne remplit absolument pas ces critères-là. ». Il souligne en effet que, certes le choix du nucléaire permet à la France de produire une énergie décarbonée à 93%, mais dans ce calcul n’interviennent pas les chiffres d’extraction de l’uranium au Kazakhstan et au Niger. Il n’en demeure pas moins que l’énergie nucléaire est enviée à la France par beaucoup en termes d’émission carbone. Elle peut consister, reprend Roland Desbordes, en une solution à moyen terme, comme une énergie de transition vers les énergies renouvelables. 

Marin Daniel-Thezard