Covid-19: quel impact sur l’aide sociale à l’enfance ?

Souvent critiqués dans les médias, les services sociaux et plus spécialement l’aide sociale à l’enfance, ont une mauvaise image dans l’opinion publique. C’est très souvent de manière péjorative que le portrait des travailleurs sociaux est dressé. Pourtant ils ont dû faire face à la crise du Covid-19 impactant de ce fait, la vie des usagers et la leur. Témoignage d’une assistante sociale au sein de l’aide sociale à l’enfance (ASE).

« Certains enfants ont mal vécu cet éloignement des parents et le fait de ne pas pouvoir les voir régulièrement lors de visites médiatisées ou en droit d’hébergement à domicile. Pour certains enfants le fait de ne pas voir leurs parents leur a été bénéfique ». 

L’aide sociale à l’enfance: c’est quoi? 

L’aide sociale à l’enfance est un service du conseil départemental, il dépend des unités territoriales de prévention (UTPAS) et d’action sociale. Le service de l’ASE est composé d’assistantes sociales et/ou d’éducateurs.ices spécialisé.es. 

L’objectif de ce service est d’accompagner l’enfant (confié à l’aide sociale à l’enfance par décision du juge des enfants) dans son projet personnel en lien avec sa famille et/ou son environnement proche. L’ASE va intervenir dans plusieurs cadres notamment les cadres judiciaires et administratifs, avec l’accord de la famille. 

L’une des missions principales de l’ASE reste l’accompagnement des parents adoptants. Un référent veille également à ce que l’enfant reste en lien avec sa famille ou ses proches dans le cadre de mesures judiciaires. 

« Il arrive parfois que l’enfant n’ait plus de contact avec sa famille ou ses proches, le référent ASE peut parfois être la seule personne qui soit en contact avec l’enfant en dehors du foyer ou de chez l’assistante familiale ». 

  © Getty/boonchai wedmakawand

Le covid-19 a eu un impact important sur le fonctionnement des services sociaux. « Il a fallu garder des contacts téléphoniques afin de  rassurer les parents ». Les différents travailleurs sociaux étant alors en télétravail, une permanence d’urgence a été mise en place. 

Les enfants placés ont également dû faire face à la pandémie, durant le premier confinement ils ne pouvaient plus voir leurs parents. « Certains foyers et assistantes familiales ont mis en place les visio-conférences, par contre tous les parents n’avaient pas la possibilité ni le matériel nécessaire de mettre des applications pour avoir la visio, ils n’ont eu que des contacts téléphoniques. »

De plus, « comme il n’y avait plus d’école, les situations de maltraitance ont été dévoilées après le premier confinement quand les enfants y sont retournés. Comme nous ne pouvions plus sortir, on ne savait pas qu’il y avait de la maltraitance au sein des foyers, c’est bien plus tard que nous avons eu les signalements ». 

Les travailleurs sociaux au sein de l’aide sociale à l’enfance sont confrontés chaque jour à la maltraitance infantile. «Rencontrer des situations de maltraitance au quotidien demande de prendre du recul dans la vie de tous les jours. On accompagne des enfants dans la majorité des cas maltraités par leurs parents et on est obligés de travailler avec eux pour garder le lien en fonction des droits octroyés par le magistrat »

Après deux ans de pandémie, le service de l’aide sociale à l’enfance a retrouvé son rythme normal. Les travailleurs sociaux continuent d’exercer leur beau métier malgré le manque de moyens financiers et humains auxquels ils doivent s’adapter. 

Emma Kikos