Le démarchage de porte à porte : le job étudiant idéal ?

Alors qu’une part des étudiants éprouvent des difficultés à trouver un job étudiant pour boucler la fin de mois, certains d’entre eux se sont tournés vers le porte à porte. Un emploi à la réputation peu flatteuse au premier abord mais est-ce réellement mérité ?

Il est 10h, dans une zone industrielle près du centre commercial V2 de Villeneuve D’Ascq. Une dizaine de jeunes de 18 à 24 ans attendent sur le parking. Pour beaucoup c’est leur première expérience dans le milieu du démarchage, certains apparaissent légèrement stressés. Pour Emma, étudiante en sciences politiques à Lille, c’est en revanche une routine qu’elle connaît maintenant bien. Depuis 3 mois, 3 après midi par semaine elle enfile un tablier et part vendre des coffrets repas à des particuliers. Pour Tom, c’est le premier jour de sa période d’essai. Pour la valider il doit réussir un objectif de ventes afin de rejoindre l’effectif. Il ne cache pas son appréhension « J’ai pas l’habitude de sonner chez les gens, je pense que les premiers contacts vont être un peu compliqués. »

Une mise en route difficile

Quelques minutes plus tard deux jeunes hommes sortent d’une voiture noire calepin à la main. Emma s’exclame « C’est les patrons mais ils sont toujours en retard » en souriant à ses camarades. Ils sont 11 ce matin-là. Antoine et Alexandre prennent la parole pour rappeler l’objectif de la journée et les règles à respecter notamment par rapport aux clients.

La dizaine de courageux s’engouffre dans les voitures. Direction les rues de La Madeleine où vont se dérouler le démarchage. Alexandre et Emma font équipe pour la première partie de la matinée. Leur discours est rodé, légèrement inspiré du gentil et du méchant flic. Lui plutôt direct et ferme tandis qu’elle adopte un discours plus lisse. Malgré cela les portes restent bien souvent fermées ou les potentiels clients expriment leur désintérêt très rapidement.

«C’est pas toujours facile pour le moral » nous glisse le jeune manager mais il positive en nous expliquant « il suffit de vendre une Box dans une rue pour que les voisins se passent le mot et après ça enchaîne. »

Une après-midi beaucoup plus fructueuse

La pause repas passée, les équipes se séparent. Maintenant c’est chacun de son côté mais pas question de se poser à la terrasse d’un café. Alexandre veille. Sur son téléphone, entre deux portes, il « zieute » les géolocalisations de ses collègues pour vérifier que tout se passe bien. « C’est clairement pas ce que je préfère faire, je l’utilise surtout pour vérifier qu’on ne soit pas tous dans la même rue et ne pas sonner deux fois à la même porte. »

Quand on lui demande comment il s’est retrouvé à ce poste de manager il explique : « J’ai commencé il  y a un an en tant qu’ambassadeur ( le nom donné aux démarcheurs par l’entreprise) puis j’ai tout de suite fait des bons scores et j’ai pu monter les échelons jusqu’à décrocher un CDI. »

Les particuliers sont plus accueillants cet après midi et les ventes s’enchaînent. 4 en 2 heures. D’un grand sourire, il dit « C’est bon ! Ma journée est faite je peux aller me mettre au chaud. » Pour lu,i direction un café non loin de là.

Pour Emma et Tom, la journée est nettement moins bonne : seulement une Box de vendue par Emma à mettre à leur actif mais elle garde le sourire.« Avec la commission que je touche en plus du salaire fixe, ça reste rentable comme journée. »

Se pose évidemment la question de la rémunération et là tout le monde devient moins bavard même si Alexandre avoue « un bon vendeur gagne mieux que dans les autres jobs grâce à la commission. »

Pour Emma, c’est surtout une question de se faire de l’argent de poche. Elle ne désire pas continuer à la fin de ses études mais elle affirme prendre du plaisir à rencontrer des gens. « Les gens sont plutôt ouverts au final, certains ont fait le même genre de travail donc ils ne sont pas tous fermé comme j’avais pu l’imaginer avant de faire ça. Puis on rencontre des étudiants de notre âge on se fait des potes c’est bien loin de l’image du démarchage que j’avais. »

Tom lui espère être conservé, preuve que le démarchage est peut être un bon moyen d’arrondir ses fin de mois tout en s’amusant.

Clément Clero