Pendant plus d’un an, Aude Pépin a suivi Chantal Birman, sage-femme libérale. Son documentaire, « A la vie » est sorti le 20 octobre sur les écrans. Rencontre avec son public au Studio 43 à Dunkerque.
« Ce film montre la mère sous un nouveau jour et remet le métier de sage-femme sous les projecteurs. » Ce sont les mots de Chantal Birman, sage-femme libérale, lorsque la séance s’ouvre au Studio 43 à Dunkerque. Les habitants sont venus découvrir le documentaire « À la vie », réalisé par Aude Pépin et consacré au métier de sage-femme.

À 72 ans, Chantal a vu tous les aspects du métier, ses travers comme ses qualités. Bientôt à la retraite, elle est entrée en première année de sage-femme à 17 ans. Elle a d’abord travaillé à l’hôpital avant de le quitter pour devenir indépendante.
« Lehaïm », à la vie en hébreu
« Lors d’une séquence dans le film, qui a finalement été coupée, on apprend que l’ami de Chantal va être grand-mère, donc Chantal a trinqué en disant « Lehaïm », à la vie en hébreu. D’un coup je me suis dit, tiens, c’est complètement le film. » Voici comment Aude Pépin a donc trouvé le titre de son tout premier film. Un titre qui montre « l’engagement à vie que Chantal a pris auprès de ces femmes ».

Dans le documentaire, l’on voit l’accompagnement post-partum des mères. Chantal les conseille et les rassure face à leurs doutes. Pour elle, le rôle de la sage-femme est de consoler la maman. « Il y a l’art de l’accouchement, estime Chantal. C’est indispensable à l’humanité. En aucun cas, la santé n’est que de la science. »
Aujourd’hui, Chantal Birman, comme beaucoup d’autres sages-femmes, se plaint du manque de personnel. Ces dernières n’ont pas le temps de rester auprès des mères, de les accompagner dans leur souffrance. « La sage-femme devrait être seule avec la mère, et non s’occuper de plusieurs femmes en même temps. »
L’économie privilégiée face à la santé
« L’organisation de la santé est dans un but économique et de moins en moins dans un but de santé publique. » Ce qui coûte dans un hôpital, c’est le salaire du personnel. Selon Chantal, afin d’économiser, on diminue le nombre de postes et on multiplie le nombre d’actes par personne. « L’essentiel du soin est vidé de sa substance qui est le temps. On n’a plus le temps d’être avec les patients. »
Elle prend l’exemple de la péridurale. Cette technique servant à soulager la douleur provoquée par les contractions, serait un moyen pour les sages-femmes de gagner du temps. La femme souffrant moins, la sage-femme n’a pas besoin de l’accompagner dans sa douleur. « Ce n’est pas de la faute des sages-femmes, c’est de la faute des politiques de santé successives qui ont été dans le même sens, c’est-à-dire l’économie de santé », prévient Chantal.
Le témoignage poignant d’une mère
Alors que la séance de débat touchait à sa fin, une femme prend le micro. Le sourire au lèvre, la voix un peu larmoyante, elle fait part de son expérience de jeune mère. Elle apprend au public que pour son premier accouchement, elle a vu des dizaines de sages-femmes différentes, « toutes formidables », assure-t-elle. Mais chaque fois, une nouvelle venait, aucune ne pouvait la suivre dans le temps. Aucune ne pouvait donc connaître véritablement ses problèmes et l’aider à les régler. Chantal remercie la jeune femme pour son témoignage et lui répond : « Ce que vous demandez, c’est l’accompagnement global. C’est d’être traitée en tant qu’humaine. »
Léa Comyn
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