Election présidentielle au Chili : la gauche face à l’extrême droite pour le second tour 

Ce dimanche 21 novembre se tenait le début de l’élection présidentielle chilienne, afin d’élire pour 4 ans un nouveau président de la République. Le premier tour a vu le candidat le plus à droite arriver en tête avec 27,91% des voix, devançant légèrement son concurrent de la gauche radicale à 25,83%. Qualifiés pour le second tour, les deux hommes incarnent deux conceptions diamétralement antagonistes de la société. Un choix de taille pour le Chili et son peuple, toujours marqués par une forte polarisation et de nombreuses inégalités. 

José Antonio Kast (à gauche) et Gabriel Boric (à droite), les deux candidats qualifiés pour le second tour (Claudio Reyes, Martin Bernetti/AFP) 

Deux ans après les grandes manifestations sociales au Chili, les partis traditionnels, à gauche comme à droite, se sont largement affaissés, laissant mécaniquement des formations plus radicales influer sur la politique chilienne. Conséquence : la qualification de José Antonio Kast, avocat âgé de 55 ans et nouvelle figure du national-conservatisme au Chili, ainsi que Gabriel Boric, député de 35 ans s’étant illustré lors des mouvements étudiants en 2011. Les formations modérées, de gauche comme de droite, n’atteignent pas le second tour. Cela n’était pas arrivé depuis plus de 30 ans, en 1990, avec la fin de la dictature de Pinochet. 

Poursuivant leur campagne électorale en vue du second tour qui se tiendra le 19 décembre, les deux finalistes ont tendu la main à la fois aux électeurs des autres formations politiques mais aussi au troisième homme de ce scrutin. Arrivé devant les partis de centre droit (12,79%) et de centre gauche (11,61%), Franco Parisi est le véritable faiseur de roi de ce second tour. Ayant récolté 12,8% des voix, ce professeur d’économie a la particularité d’avoir mené sa campagne par visioconférence depuis les Etats-Unis, où il vit. 

Le « Pays des poètes » n’échappe pas aux profondes tensions politiques et sociales que traverse l’Amérique latine. Ayant adopté une nouvelle Constitution en 2020 par référendum avec l’approbation de plus de 78% des suffrages, notamment en réponse aux grands mouvements sociaux de 2019, le Chili voit aujourd’hui un candidat (José Antonio Kast) reprenant en partie l’héritage de Pinochet à son compte, accéder au second tour d’une élection majeure. Cette dualité témoigne de la polarisation croissance à laquelle fait face le Chili. 

Prévu le 19 décembre, le second tour qui s’annonce serré distinguera, au-delà de deux personnalités, deux visions politiques de la société difficilement conciliables. Cette élection capitale influence d’ores et déjà le paysage politique chilien des années à venir dans l’un des pays les plus inégalitaires du monde, selon l’OCDE. 

Julian TRAFIAL