Hausse de l’absentéisme, difficultés de recrutement… Les résultats de l’enquête du Conseil scientifique réalisé début novembre révèlent qu’un lit sur cinq serait fermé faute de personnel dans les hôpitaux public de France. Reportage au CHU Lille.
Faute de personnel, y-a-t-il des lits fermés au CHU de Lille ? La réponse est oui. « Mais ce n’est pas nouveau, cela dure depuis quelques années » selon l’hôpital. Pourtant François-René Pruvot, président de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement de CHU, ne cache pas « une situation de post-crise préoccupante ».
Un ras-le-bol généralisé
Isabelle a passé plus de 22 heures aux urgences avant d’être diagnostiquée. Après un bilan sanguin, elle est transférée sur un brancard dans une pièce vide : « Ils m’ont conseillé de me reposer et assuré qu’ils allaient bientôt s’occuper de moi. J’ai attendu pendant des heures, je pensais qu’ils m’avaient oublié. »

En effet, certaines interventions sont déprogrammées, « 15% environ au CHR de Lille », selon François-René Pruvot. En cause : une hausse de l’absentéisme et des démissions du personnel soignant. Depuis l’épidémie de Covid-19, un sentiment de ras-le-bol envahit certains personnels, épuisés. « En 2019, le taux d’absentéisme oscillait entre 8 et 9%. Désormais, il plafonne à 11 % » rajoute-t-il.
Séverine, infirmière au service de gériatrie de l’Institut Cœur Poumon (CHU de Lille) songe également à démissionner : « C’est toujours la course avec les patients. J’aimerais passer plus de temps à leur côté mais ce n’est malheureusement pas toujours possible ». À ces départs croissants s’ajoute les difficultés de recrutement. Au CHR de Lille, 190 postes d’infirmiers et d’aide-soignants sont vacants, soit 30 % de plus qu’en 2019.
La lenteur des réformes
La situation globale au CHR de Lille n’est pourtant pas parmi les plus critiques selon François-René Pruvot. Face aux difficultés des hôpitaux, Olivier Véran a justifié : « Je n’ai pas de médecins cachés dans le placard, ni des infirmières qui attendent dans une salle qu’on appuie sur un bouton pour les déployer dans les hôpitaux ».
Depuis 2019, le numerus clausus a été supprimé, et le « Ségur de la santé » a revalorisé de 10 milliards les rémunérations hospitalières. Des crédits sont prévus pour recruter 15.000 soignants et retaper l’hôpital. Mais il semble impossible que la situation s’améliore rapidement.
Cidjy PIERRE
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