C’est une drôle d’idée qui a traversé l’esprit du label Tôt ou tard, produire deux artistes en même temps sur la même scène. A Hénin-Beaumont, Clou et Noé Preszow se sont produits ensemble mi-octobre sur la scène de l’Escapade. L’occasion de rencontrer l’un des deux artistes.

Pourquoi avoir décidé de monter ce double-plateau ?

C’est une idée de notre tourneur, Zouave. Avec la période compliquée telle que celle-ci, les propositions de concerts sont, et c’est normal, forcément nombreuses et forment un petit embouteillage, ils se sont donc dit que les spectateurs seraient heureux d’assister à deux concerts plutôt qu’un. Et comme nous avons sorti nos albums plus ou moins à la même période, ça fait sens !

·  Comment avez-vous vécu ces derniers mois sans public ?

L’année passée, avant le COVID, parallèlement à l’enregistrement de mon album, il était prévu que je fasse les premières parties d’autres artistes. Finalement, pour les raisons que l’on sait, ça n’a pas été possible. Et je pense que ça m’aurait fait beaucoup de bien de monter sur scène les jours où je n’étais pas en studio. De manière générale, ne pas faire de concerts m’a un peu fait perdre la tête. Les concerts, c’est mon lien avec les vivants. Et c’est mon lien avec mon cœur, avec mon corps. Mais on s’est bien rattrapé cet été, j’ai eu la chance de faire une bonne vingtaine de concerts sur de très belles scènes, avec, en moi, une énergie très rock, très brut, porté par un groupe très généreux.

·  Qu’est-ce que ça fait de remonter sur scène aujourd’hui ?

C’est une libération, c’est une respiration… Et c’est un grand asthmatique qui vous parle ! Alors la respiration, je sais ce que c’est. La scène, c’est le moment où je fais corps avec mes chansons, où je me reconnecte à tous ceux et toutes celles qui zonent à l’intérieur de moi. Et, plus simplement, je suis un fou de musique. Je veux dire, faire de la musique, jouer, jouer vraiment, accéder à une forme d’état second, c’est ma vie. Je suis fou de ça. 
Et deviner, le temps d’un instant, au plus profond de moi, les mouvements secrets des autres musiciens, sentir quand on est tous en phase avec la chanson, sentir quand on se perd, sentir quand on se retrouve. Les variations d’un son de caisse-claire d’un soir à l’autre, d’une basse, d’un synthé, tout ça, c’est ce qui m’anime dans l’existence. Donc remonter sur scène, c’est vivre. 

·  Vous avez, tous les deux, été nommés aux Victoires de la Musique. Qu’est-ce-que ça fait d’être reconnus comme une « révélation » ?

Après tant de temps à marcher avec ma guitare sur le dos, mes synthés dans ma poche et mes chansons dans mes chaussettes, arriver avec un E.P de 4 titres et faire partie des révélations, c’était une belle surprise. Et un beau cadeau pour mes chansons. Mes chansons ont dû beaucoup me supporter ces dernières années (rires). Alors, ce coup de projecteur leur a fait du bien !

·  Qu’est-ce que vous apporte la musique au quotidien ? Et qu’est-ce que cela a changé pour vous, dans vos vies ?

Ma vie est partagée entre le silence et la musique. Mais à part ça, il n’y a pas de frontière, il n’y a pas la musique d’un côté, et la vie de l’autre. 
Je n’ai que la musique. La musique m’apporte donc la preuve de mon passage sur Terre. Ou alors le silence, beaucoup de silence, pour laisser la musique se faire à l’intérieur de moi, inconsciemment. 
La musique, c’est mon lien avec les autres, aussi. Il y a l’une ou l’autre personne à Bruxelles que je ne vois presque que pour faire de la musique, de la guitare. Sans autre but que celui d’atteindre une forme d’ivresse harmonique et d’équilibre. Instable toujours, mais équilibre quand même. 
La musique m’apporte du sens. Et donc une possibilité de mettre un pied devant l’autre. Et d’avancer. Malgré l’effroyable mystère de l’existence.

·  Des projets à venir (nouveau CD, collaborations…) ?

Des nouvelles chansons. Beaucoup de nouvelles chansons !

·  Prochaines dates ?

Une bonne vingtaine de dates d’ici fin décembre 2021, à retrouver sur internet.
Et sûrement des dates en 2022 !

Benjamin Grischko