Sequedin : le surveillant de prison trafiquait des objets interdits avec les détenus 

Viande, smartphones, parfums étaient livrés par le surveillant pénitentiaire de 35 ans dans les murs de la prison pendant le confinement. En avril 2020, il est pris en flagrant délit alors que la direction de l’établissement enregistre une hausse du nombre d’objets prohibés dans les cellules. 

Un surveillant de la prison de Sequedin a été mis en cause dans une affaire de trafic d’objets interdits.

« Une forteresse la prison de Sequedin? Je dirai plutôt une passoire » lâche le juge Mickaël Simoëns pendant l’audience. Et c’est peu dire tant le trafic d’objets mis en place au sein de la structure est impressionnant. D.S, surveillant pénitentiaire de 35 ans, principal accusé dans cette affaire s’avance à la barre, fébrile. « J’ai sali l’uniforme » s’exclame-t-il, penaud.

En avril 2020, il est pris en flagrant délit de trafic d’objets interdits à la prison de Sequedin en périphérie de Lille. 

Une augmentation d’objets prohibés dans les cellules malgré le confinement

De la viande, du parfum et même des téléphones étaient acheminés par l’homme qui, pendant le confinement servait d’intermédiaire entre les détenus et leurs conjointes.

Faute de parloirs à cause de l’épidémie et une surveillance renforcée aux alentours de la prison pour éviter les jets d’objets, difficile pour les proches de faire rentrer des colis dans la prison. Et pourtant, la direction observe une augmentation du nombre de biens prohibés retrouvés dans les cellules des détenus.

« Je me suis laissé convaincre » se justifie D.S. Une version qui n’est pas soutenu par M.D, l’un des prisonniers soupçonné d’être la tête pensante. Il est auxi (auxilliaire), fonction qui récompense le bon comportement des personnes incarcérées. Un poste qui lui permet d’évoluer de cellules en cellules. Lui soutient qu’il n’y est pour rien et qu’il ne s’est pas enrichi sur ce trafic même si selon lui c’est un business qui peut rapporter jusqu’à 3000 euros par jour. Il en profite également pour enfoncer le clou sur le cas du surveillant pénitentiaire : « S’il voulait vraiment arrêter le trafic, expliquez-moi pourquoi il s’arrangeait toujours pour travailler dans le bâtiment B. Bâtiment au sein duquel étaient tous ses clients ? ». 

Une version difficile à entendre pour les magistrats car c’est chez la femme du détenu qu’étaient déposés les objets par les familles. La défense du surveillant pénitentiaire, assurée par maître Alexandre Demeyere, l’accuse d’être à l’origine d’un commerce parallèle dans les murs. 

Trois ans requis contre le surveillant pénitentiaire 

On se renvoie la balle, d’un côté comme de l’autre. La cour cherche à comprendre la responsabilité de chacun. 

Le procureur, Patrick Mignot questionne le surveillant pénitentiaire sur ses revenus et ceux de sa femme « Pour moi, 1200 et pour ma femme 1500 » répond DS. « Vous n’étiez donc pas dans le besoin ! » poursuit le procureur. L’accusé ne répond pas. Finalement, trois ans de prison ont été requis par le procureur pour le surveillant pénitentiaire corrompu. L’audience a été renvoyée au 23 novembre. 

Cécilia Leriche