Tous âges confondus, en France, 13 millions de personnes sont en difficultés face aux nouvelles technologies selon l’INSEE. Les plus âgées manquent d’accompagnement face aux démarches administratives, quant aux jeunes la fracture numérique due aux cours à distance est aussi grandissante.
En France, 95% des individus ont un téléphone mobile. Mais tous les foyers n’ont pas eu les moyens de s’équiper en ordinateurs et tablettes. Par conséquent, beaucoup d’enfants n’ont pas pu suivre des cours dans des conditions optimales. À la fin du mois de mars, le ministère de l’Éducation nationale estimait qu’entre 620 000 et 992 000 élèves avaient décroché de l’école. « Le confinement a souligné́ l’importance de bénéficier d’un équipement adapté aux usages. Un smartphone est sans doute suffisant pour des personnes qui communiquent avec leurs proches, qui se divertissent sur les réseaux sociaux ou sur des jeux, mais demeure limité pour un grand nombre d’usages professionnels ou pour la réalisation de certaines démarches administratives. » souligne Jean-François Lucas, Chercheur affilié au Laboratoire de sociologie urbaine de l’école polytechnique fédérale de Lausanne.
La source de cette fracture ne vient pas seulement de l’acquisition de biens technologiques, mais avant tout de la formation autour de leur utilisation. Bien que les jeunes aient grandi avec ces objets électroniques, leurs utilisations dans le cadre scolaire mais aussi médical par exemple ne sont pas évidentes. Lucie, élève en seconde, a été impacté par la mise en place de cours en ligne et de devoirs à rendre sur une plateforme spéciale. « On avait des devoirs à rendre pour certains profs sur une plateforme, d’autres travaux sur une plateforme différente et ce n’était pas toujours indiqué. C’est une perte de temps et on voit bien que même les enseignants ne maîtrisaient pas leur support. », détaille-t-elle. Jean-François Lucas confirme ces faits, et ajoute : » Les enseignants autant que les jeunes générations, à qui l’on prête souvent un savoir presque inné du numérique ; les médecins, dont certains ont buté en même temps que leurs patients devant les possibilités de la téléconsultation ; les nombreux télétravailleurs peu à l’aise avec la multiplicité des outils de visioconférence et autres outils collaboratifs. » ont eux aussi, dû s’adapter.
La dématérialisation, un processus pas évident à comprendre.
Documents administratifs, déclarations en ligne, prise de rendez-vous. Toutes ces petites choses auxquelles les plus anciens étaient habitués à traiter sous format papier. Même s’ils ont déjà accès au téléphone et ordinateurs, la rapidité des nouvelles technologies les dépasse. Des manipulations et des allers-retours parfois trop complexes ou même trop difficiles à effectuer lorsque la vue baisse et lorsque les mains ne suivent plus. Même en maison de retraite alors que les résidents sont accompagnés, les démarches font peur. Peur de faire une fausse manipulation ou d’être victime d’une arnaque.
Des solutions pour les plus démunis
Emmaüs Connect par exemple, une association souvent présente dans les grandes villes, vient en aide au quotidien aux personnes en situation de précarité en leur faisant bénéficier de matériel et d’une connexion à internet à des prix plus qu’abordables. Lors de l’annonce du confinement, SFR, Emmaüs Connect et le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse se sont mobilisés pour venir en aide à 75 000 personnes exclues du numérique, dont 50 000 élèves, afin qu’ils puissent continuer à s’informer correctement et suivre les cours à distance. Jean François Lucas précise que » ces politiques d’aide doivent être développées et diversifiées pour que les plus démunis ne soient plus isolés en cas de nouvel épisode de confinement« , mais également qu’il faut développer l’accès à la technologique. « D’autres solutions restent à imaginer, comme le prélèvement d’un pourcentage du nombre d’équipements du parc informatique d’une administration ou d’une grande entreprise qui serait amené à être renouvelé, et qui serait par exemple pondéré selon sa taille, l’ancienneté de l’équipement, etc« , rajoute-t-il. Cédric O estimait que parmi les 11 à 13 millions de Français victimes de l’illectronisme, 6 à 7 millions pouvaient acquérir les compétences nécessaires pour devenir numériquement autonomes, l’autre moitié́ devant encore être accompagnée.
Clémentine Marié
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