A Wazemmes, le nouveau règlement du marché renforce la rupture entre la mairie et les commerçants

Ils veulent relancer un des 5 plus grands marchés de France, qu’ils estiment être aujourd’hui « en souffrance ». La mairie de Lille a dernièrement modifié le règlement du marché de Wazemmes pour les commerçants extérieurs, sans consulter ces derniers. De quoi faire naître un mouvement de contestation chez les maraîchers, même si certains d’entre eux comprennent la nécessité de certaines mesures.

Ce matin sur le marché, beaucoup n’avaient pas encore eu vent de la nouvelle. Depuis quelques semaines, la mairie a entamé une refonte de 26 points du règlement pour les commerçants non-sédentaires du marché de Wazemmes, soit environ 400 exposants présents autour des halles. L’objectif est de le rendre plus beau et plus qualitatif, avec comme chantier principal la propreté du marché extérieur. La mairie souhaite notamment plus d’implication dans le tri sélectif, et voir les commerçants ramasser l’ensemble de leurs déchets avant de repartir. Ceux-ci devront également limiter leurs absences à 12 semaines par an et respecter les horaires du marché (7h-14h). 

Des changements qui donnent une mauvaise image des maraîchers extérieurs, comme le dit Houssem, installé juste devant les halles : « Ils nous prennent pour des fainéants, des « je-m’en-foutistes ». Ce n’est pas de gaieté de coeur si on absente ou si l’on reste un peu plus longtemps sur le marché. Si la mairie soulève certains points qui vont dans le bon sens, il y en a certains qui posent problème quand même ».

La propreté et le tri des déchets : un enjeu majeur du nouveau règlement de la mairie concernant le marché extérieur de Wazemmes, à Lille.

Mais, les commerçants rencontrés ce matin déplorent surtout la non-consultation de leurs représentants. Alors qu’il vend ses fruits et légumes à Wazemmes depuis 32 ans, Abdou s’estime « humilié » : « Ce n’est pas normal. Aujourd’hui, il y a un abus d’autorité et de pouvoir. », dénonce t-il. Ainsi, une centaine de commerçants se sont présentés sur le parvis de la mairie de Lille le 24 novembre, pour exprimer leurs craintes et le manque d’échange sur ce nouveau règlement. Ils s’y sont rendus pour dialoguer « de manière pacifique », mais n’ont pas été reçus. « Avec la mairie, tu parles à un mur » complète Abdou, « C’est pour cela que nous demandons aussi la démission du chef placier et du directeur des halles et marchés, pour que les choses changent ». Une association a ainsi été lancée, Folgate, et regroupe 120 commerçants pour défendre les intérêts des maraîchers de Wazemmes.

« Ici, c’est devenu une poubelle » confie un commerçant

Cependant, cette grogne n’est pas perçue de la même manière sur tout le site. Dans le marché couvert, Asloum déplore le décalage entre commerçants extérieurs et intérieurs, et comprend les décisions de la mairie. Il estime même que cette dernière s’y prend « très tard » : « Il y a trop de manquements au règlement à l’extérieur. Dans les halles, ce n’est pas la même clientèle et les mêmes problématiques ». Il reconnaît cependant un manque de dialogue avec les instances : « On a toujours un manque, c’est difficile de discuter avec la mairie. Mais il faut entendre aussi leurs revendications, car les commerçants d’ici n’ont pas non plus la science infuse pour savoir ce qu’il faudrait ou pas pour le marché de Wazemmes ».

Même son de cloche pour Rémy, vendeur textile à l’extérieur, qui comprend les actions entreprises par la mairie : « C’est logique de vouloir cela aujourd’hui. Regardez, les emplacements ne sont pas respectés, à la fin du marché les déchets traînent…Ici, c’est devenu une poubelle et si on impose pas ces changements-là, personne ne prendra l’initiative de le faire ».

Du côté de la mairie, on assure pourtant que la porte est toujours ouverte. Jacques Richir, adjoint au maire responsable de la question, a déclaré dans La Voix du Nord : « Nous restons soutenus par la grande majorité des commerçants du marché. L’enjeu est surtout aujourd’hui de relancer un marché en souffrance. ». Sans dialogue ni action, de nouvelles mobilisations des commerçants auront lieu dès ce week-end.

Antoine JAMES