“Trois femmes, trois parcours, une seule force, celle de refuser une réalité ou fatalité destructrice, souvent devenue ordinaire.” Dans les locaux de l’association SOLFA qui accompagne, entre autres, les femmes victimes de violences conjugales, se tient l’exposition intitulée “Ce soir je prendrai soin de moi”, par la photographe Anouk Desury.
Jeudi 25 novembre, journée internationale de l’élimination des violences à l’égard des femmes, avait une résonnance toute particulière pour Souad, Patience et Arielle, et pour Anouck. La photographe, membre de l’agence photo “Light Motiv”, a mis en récit le chemin de reconstruction de trois femmes ayant vécu des violences conjugales. A travers les mots, l’écrivaine Samira El Ayachi raconte leurs histoires, qui viennent “sublimer” le récit photographique.

“Lors du premier confinement je photographiais différents sujets de société liés à l’épidémie de covid. Les violences envers les femmes ont été exacerbées durant cette période”. Anouk rencontre alors Delphine Beauvais, responsable du pôle violences faites aux femmes de SOLFA. Elle passe du temps à l’accueil de jour de l’association, et y croise le chemin de Souad, Patience et Arielle, qu’elle suivra pendant une année, dans leur vie quotidienne, lors de rendez-vous médicaux, chez elles…
De la reconstruction à la renaissance
“L’exposition retrace les parcours de reconstruction de ces femmes. Parfois, le changement est perceptible, dans les traits du visage. Parfois, c’est plus subtil, on voit que le chemin n’est pas terminé” témoigne la jeune Bretonne, Roubaisienne de cœur. C’est ce regard vers l’avenir que les photographies suggèrent. Ces moments où elles arrivent à prendre à nouveau soin d’elles, se donner du temps pour elles, pour leur santé. Trouver la force de se reconstruire après avoir vécu de tels traumatismes demande beaucoup de temps. Pour Anouk, c’était une nécessité de l’autre côté de l’objectif, de prendre le temps également, d’apprendre à connaître ces femmes, à se faire confiance, pour raconter et photographier de manière juste leur histoire.
L’image comme miroir intérieur
“Ces femmes ont été reniées dans leur féminité. En regardant ces murs, elles font face à ce qu’elles ont accompli. Elles se voient belles et se rendent compte du chemin parcouru,” confie Anouck.
Cette dernière ne compte pas s’arrêter là. “Au-delà de la photo, ce que j’aime c’est créer du lien avec les gens” affirme-t-elle. Ce projet, loin d’être son premier, traduit une fois de plus sa perception de la photographie, sociale, documentaire. “Je pense que c’est la ville de Roubaix qui m’a fait aimer cet aspect-là” analyse-t-elle.
Une chose est sûre, ça ne sera pas non plus son dernier. “L’idée c’est de suivre trois autres femmes, dans la même démarche, et d’envisager un livre photographique qui regrouperait ces six témoignages.” Et pourquoi ne pas faire vivre l’exposition dans d’autres lieux ?
Hélène Decaestecker
Quand ? L’exposition ouvre ses portes le 29 novembre de 14 à 17 heures, le 3 décembre de 14 à 17 heures et le 14 décembre, de 18 heures à 20 heure.
Où ? Rendez-vous au 96 rue brûle maison à Lille, dans les locaux de l’association SOLFA, salle Simone de Beauvoir.
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